Appels à communication

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Amérindianités et savoirs, Poitiers, 19-21 mars 2014 Télécharger au format iCal
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Appel à communications

Colloque international

« Amérindianités et savoirs »

Université de Poitiers, 19-21 mars 2014

Organisé par le MIMMOC[1] et le CRLA[2], centres de recherche de l’Université de Poitiers, avec la collaboration du CRHIA[3] et du CECIB[4], en partenariat avec l’IEAQ et la chaire Pres Limousin-Poitou-Charentes d’Études sur le Canada.

Comité scientifique

-       Guy Clermont (EHIC[5], Limoges)

-       Nathalie Kermoal (Faculty of native studies, University of Alberta)

-       André Magord (MIMMOC, Poitiers)

-       Thibault Martin (Université du Québec en Outaouais, titulaire de la chaire de recherche du Canada sur la gouvernance autochtone du territoire)

-       Gilton Mendes (departamento de antropologia, UFAM[6], Manaus)

-       Michel Riaudel (CRLA, Poitiers)

-       Bernadette Rigal-Cellard (CECIB, Bordeaux III)

-       Renato Sztutman (departamento de antropologia, USP-FFLCH[7], São Paulo)

-       Laurent Vidal (CRHIA, La Rochelle)


Date limite de soumission

Les propositions de communication (titre, résumé et présentation de l’auteur) sont à envoyer avant le 15 novembre 2013 aux organisateurs :

-       André Magord,

-       Michel Riaudel,

*

*             *

Notre proposition de rencontre internationale s’inscrit dans le prolongement des deux précédentes journées « Amérindianités » de 2012[8] (Poitiers). Puisqu’elle vise à mettre très concrètement en regard et en dialogue notre monde occidental et ceux des Amérindiens, nous avons jugé opportun de l’articuler autour d’un terrain commun, celui des savoirs, tout autant un domaine d’innovation et de décentrement que le socle de nos activités universitaires. Savoir de l’autre, savoir sur l’autre, modalités de production, de validation et d’expertise des connaissances, propriété intellectuelle et collective…, la dimension des savoirs est à la fois ce qui nous constitue en tant que chercheurs, citoyens, hommes, et par où éventuellement nous nous distinguons.

Pour cadrer néanmoins un sujet aussi vaste, le colloque privilégiera trois axes de discussions :

1)    les conditions de la connaissance réciproque de l’autre, Amérindiens et « Occidentaux » ;

2)    la place des Amérindiens dans ces lieux institutionnels de production de savoir que sont l’Université et les établissements d’enseignement supérieur ;

3)    le rapport entre connaissance scientifique et savoir traditionnel.

 

Axe I. Les conditions de la connaissance de l’autre

Dans Race et Histoire, Lévi-Strauss suggérait qu’avant même de songer à tirer profit du style de vie des sociétés voisines, le défi était pour nous de les comprendre et même de les connaître. Cette approche et cet effort de compréhension ont d’abord été portés par les récits de voyage, les écrits des missionnaires, avant de devenir l’apanage du regard professionnel, scientifique de l’ethnologue. Mais il arrive à l’ethnologue lui-même, aujourd’hui, de regretter l’absence de chroniques contemporaines : « Seuls les voyageurs jugeaient intéressants, voire frappants, ce qui dans d’autres circonstances serait passé complètement inaperçu[9]. » Quel que soit le support et l’observateur, qu’il s’agisse de littérature ou de sciences humaines, la question reste toujours de se défaire de ses schémas de pensée, de ses préjugés, de se mettre en condition de comprendre ce qui est différent, de « se déplacer », au sens propre comme au sens figuré, pour s’agrandir, élargir son monde et son rapport au monde.

Dans notre actualité, le contexte de la rupture épistémologique du post-colonialisme (ou du paradigme post-colonialiste), il s’agirait aussi d’identifier les points de résistances qui freinent encore la re-connaissance, celle d’une altérité sans -isme : positivisme ou négativisme. Écritures non formatées, anthropologie réciproque, symétrique, mais aussi accès des Amérindiens à la maîtrise de leur image, aux techniques audiovisuelles… sont autant de pistes pour une compréhension de ce qui n’est pas nous, de ce en quoi nous ne nous reconnaissons pas (Patrice Maniglier). Avec une question connexe : pour quels usages ?

 

Axe II. Amérindiens et lieux institutionnels du savoir

Il renvoie aux politiques, qui varient d’un pays à l’autre, se mettent en place pour remédier à une sous-représentation de l’Amérindien dans les établissements américains. Certaines mesures de discrimination positive ou d’affirmative action font débat dans les deux camps. Les principes se frottent à la pratique, les lois au pragmatisme. L’enjeu n’est toutefois pas seulement de satisfaire une revendication d’égalité ou de réparation post-coloniale, ce qui en soit n’est pas négligeable. Il suppose aussi que cette présence peut changer quelque chose pour tel groupe amérindien comme pour l’établissement d’accueil lui-même. Autrement dit qu’un savoir n’est pas un savoir dans l’absolu, mais aussi un fait culturel ? On voit là qu’une question civique et politique est indissociable de ses présupposés cognitifs et « scientifiques ». L’idée d’un projet commun n’impliquerait-il pas de dépasser une pensée clivée entre approches relativiste et universaliste ?

 

Axe III. Les rapports sciences / savoirs traditionnels

Le dernier point est aussi le premier qui viendra à l’esprit. Les rapports amérindiens au savoir ont longtemps été assimilés ou réduits à une connaissance magique, aux traditions ancestrales ou chamaniques, voire à une exploitation empirique de la biodiversité locale. Toutes choses apparemment éloignées des méthodes universitaires de traitement de la connaissance, ou à la rigueur dignes d’être rationalisées scientifiquement pour des débouchés sociaux et industriels. Et pourtant l’on connaît l’intérêt des laboratoires pharmaceutiques pour les savoirs phytothérapiques locaux et la médecine « naturelle », ou de l’anthropologie pour l’étude de rapports singuliers au corps.

Quel dialogue en la matière, et quels échanges possibles ?

Ce terrain implique des questions de propriétés intellectuelles (brevets ?) et de maîtrise du sort des communautés, qui dépassent le seul domaine du savoir autochtone (ou non) et peuvent éclairer des discussions plus vastes sur la question du droit du « créateur » et de l’intérêt commun, à l’heure du web deuxième génération… Il conduit aussi à une réflexion sur l’articulation entre « science du concret » et productions de concepts, développement et gestion équilibrée des ressources, ainsi que sur les lieux et procédures d’expertises qui ne sont pas sans rapport avec les points précédents, comme la question des « usages » et de la destinée de nos civilisations…

 

Programme prévisionnel
Mercredi 19 mars

1)    Premiers contacts et compréhension de l’autre

2)    Cosmogonies et spiritualité

Jeudi 20 mars

3)    Corps et santé

4)    Chamanisme, chefferie, État

Vendredi 21 mars

5)    Amérindiens et université, épistémologies ?

6)    Susciter la curiosité de l’autre : de l’ethnocentrisme à la re-connaissance



[1] Mémoire, Identités, Marginalités dans le Monde Occidental Contemporain – EA 3812.

[2] Centre de Recherches Latino-Américaines - Archivos (CNRS/Université de Poitiers, équipe de recherches membre de l’Institut des Textes et Manuscrits Modernes). UMR 8132 du CNRS-ENS-Université de Poitiers.

[3] Centre de Recherches en Histoire Internationale et Atlantique.

[4] Centre d’Études Canadiennes Interuniversitaire de Bordeaux.

[5] EHIC EA 1087 – Espaces Humains et Interactions Culturelles.

[6] Universidade Federal do Amazonas.

[7] Universidade de São Paulo - Faculdade de Filosofia, Letras e Ciências Humanas.

[8] « Nations et identités », lundi 20 février 2012 ; « Perspectivismes », vendredi 23 mars 2012.

[9] Manuela Carneiro da Cunha, Savoir traditionnel, droits intellectuels et dialectique de la culture, trad. Sophie Renaut, Éditions de l’éclat, 2010, p. 13.

 

Lieu Poitiers
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