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Colloque international : La rue dans tous ses états/callejeando/a rua em todas as vias. Mondes ibériques (Europe, Amérique, Afrique, Asie), XIX-XXI. Jeudi 12 et vendredi 13 octobre 2017

Élément constituant de la ville, la rue a beaucoup évolué au fil des siècles. Assurant la mise en relation des lieux, des fonctions et des groupes sociaux, elle est une forme urbaine qui a une configuration, une architecture, une histoire. Elle a ses logiques, ses dynamiques et ses usages. Ses pratiques et ses représentations sont liées à l’espace urbain dans lequel elle s’inscrit ; elles dépendent aussi de facteurs politiques et socio-économiques. Le « sens » de la rue pouvant donc varier considérablement, il est nécessaire d’aborder celle-ci sous l’angle d’un certain relativisme, en gardant présente à l’esprit la notion d’échelle.

Ce colloque, aboutissement de 3 ans de séminaire, se propose d’envisager la rue dans les mondes ibériques à travers ses dimensions fonctionnelles, socio-économiques, politiques

et culturelles, au prisme des lieux et des éléments qui la composent, de ses acteurs et de ses créations. Quatre axes seront privilégiés :

a) La « rue de l’urbaniste » pour reprendre l’expression de l’historien Maurice Garden qui la définit aussi comme « espace matériel aménagé ». Emblématique d’une volonté régulatrice dont témoigne le tracé des villes des anciens empires coloniaux, la structuration de la rue, subordonnée à la construction d’ensemble de la ville, s’est opérée par étapes. Elle est liée, sur un temps long, à l’individualisation des habitats, à la circulation des denrées alimentaires, à l’évolution des transports, puis à l’expansion urbaine, inégale et plus ou moins maîtrisée, des XIXe et XXe siècles, donnant lieu au phénomène de métropolisation, très présent dans de nombreux pays d’Amérique latine.

b) Un espace socio-économique : lieu de passage et d’échanges, la rue dessine la « géographie » fluctuante des activités économiques. Dans cette perspective, la prise en compte des décisions de ceux que l’on nomme aujourd’hui les acteurs économiques est nécessaire pour comprendre les dynamiques de la rue en général : par leur choix (de localisation), leurs investissements, ils en conditionnent en partie l’évolution des paysages et des pratiques. Les acteurs publics (administration, municipalités, etc.) jouent, eux aussi, un rôle important (autorisations d’ouverture d’établissements divers ; de permis de construire). Cette analyse permet une réflexion sur les rapports entre pouvoirs locaux, intérêts économiques et corruption. La rue est, par ailleurs, le lieu de la marginalisation et de l’exclusion sociale, qui favorisent le développement d’une économie parallèle ou informelle. Là encore, la prise en compte de l’intervention d’acteurs sociaux (médecins, enseignants ou forces de l’ordre) éclaire le fonctionnement de la rue.

c) Un espace symbolique : « ordre et désordres ». La rue est le lieu de l’expression symbolique de la puissance des pouvoirs officiels à travers les défilés militaires, les processions religieuses, les commémorations civiques ou les fêtes nationales. Dans la mise en spectacle de l’espace urbain, la rue est présente sous plusieurs aspects : elle s’inscrit dans un parcours pré-établi par l’autorité ; elle fournit un « décor » (façades, balcons, monuments) et un public avec la foule, spectatrice, encadrée par les forces chargées du « maintien de l’ordre ».

Enjeu de pouvoirs, la rue est aussi un lieu d’expression politique « directe » lors des coups d’État, des résultats d’élections ou de journées de protestations. Elle peut se transformer en lieu d’affrontement : elle devient l’espace que « le peuple se réapproprie » avec son cortège de violences et de répressions.

Reflétant les inégalités et les tensions sociales, la rue, dans certains quartiers résidentiels des pays ibéro-américains, peut être «bunkérisée », mais elle est aussi lieu de plaisirs, de divertissements, de partage, d’émotions et de fêtes comme les carnavals (le Brésil en étant le paradigme) ou les « grands messes » sportives, en particulier footballistiques.

Cependant, dans certains cas, ces manifestations n’en servent pas moins des intérêts économiques (ou politiques).

d) Un espace de création artistique et langagière. Cet axe s’attachera plus particulièrement à deux aspects :

- Les mots de la rue/ les mots dans la rue : la rue est un paysage linguistique, la communication et le multilinguisme graphiques sont présents dans les signes linguistiques (panneaux, plaques, enseignes, affiches, graffitis), ce qui permet d’observer la configuration démo-linguistique des rues et le pouvoir de leurs habitants et de leurs différentes langues. La rue est la scène des processus socioculturels qui s’ajoutent et se reflètent dans la dynamique des variations linguistiques.

- Arts et rues/arts de la rue : d’un côté et de l’autre de l’Atlantique, hors des lieux consacrés, les spectacles de rue se sont multipliés, renouvelant les pratiques artistiques dans les domaines de la musique, du théâtre, de la danse ou des arts martiaux. En investissant temporairement et symboliquement l’espace public, ces manifestations réinventent ou renouent des relations avec le public et peuvent, au-delà de l’instant, contribuer à approfondir la perception de et la réflexion sur l’espace urbain. De la même façon, le street art, un art essentiellement éphémère, destiné à un large public, a fait la preuve, en particulier en Amérique latine, qu’il pouvait avoir des retombées économiques et sociales micro-locales bénéfiques.

La date limite d’envoi des propositions de communications comprenant un titre provisoire, un résumé de 150 mots maximum et 3 à 5 mots clés est fixée au 15 mars 2017.

Elles sont à envoyer sous format Word à l’adresse :

Les langues utilisées peuvent être le français, l’espagnol ou le portugais.

Une réponse sera donnée dans un délai d’un mois.

Organisatrices:

Graça Dos Santos, Paola García, Catherine Heymann, Lina Iglesias, Marie Lecouvey, Mercè Pujol, Eva Touboul.

Voir cet appel (trilingue) en format PDF.

Lieu Université Paris Nanterre
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