Appels à communication

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Appel à communications

 

Colloque « Genre et enfermement : contrainte, dépassement, résistance. »

30 novembre-2 décembre 2017

 

Laboratoire LCE – Université Lumière Lyon 2

Axe : Féminin-masculin dans une dialectique du déplacement : évolutions, interactions et perspectives dans les champs sociaux, culturels et artistiques

 

 

Si depuis de nombreuses années, la sociologie, l’anthropologie et la philosophie sont les domaines de prédilection des « Gender Studies », il est de plus en plus fréquent que les spécialistes de langues et cultures s’emparent de la question et confrontent contextes social, politique et culturel, productions discursives et créations esthétiques aux questions de genre (Farges et alii, 2011). Il semble de plus que la notion de « déplacement », au cœur des réflexions du laboratoire LCE, permette naturellement de jeter un pont entre études de genre et analyses des discours institutionnels, narratifs et des représentations esthétiques. Il n’est en effet pas rare que les unes et les autres s’inscrivent dans la dialectique de l’« immobilisme » et de l’« évolution », autrement dit se situent entre contrainte, soumission, dépassement, déconstruction, résistance et/ou changement, en interrogeant tout particulièrement les identités et les normes individuelles et collectives. Par ailleurs, si l’intemporelle et universelle question de l’enfermement se pose à chaque époque et à toutes les sociétés, elle est aussi au cœur de nombreuses expressions artistiques. Elle est alors habituellement liée à la représentation de la violence et de la domination (claustration, prison, espace concentrationnaire, maladie, hôpital, etc.)

 

Nous proposons de confronter la question de l’enfermement à celle du genre dans le cadre de réflexions portant aussi bien sur les féminités que sur les masculinités et sur les subjectivités queer. Nos travaux adopteront une perspective à la fois transculturelle et transversale, le colloque faisant appel aux spécialistes de diverses aires culturelles et linguistiques à différentes époques, mais également aux spécialistes de différents domaines des sciences humaines.

 

Il s’agira d’interroger les espaces et les individus sous contrainte, dans la dynamique extérieur/intérieur, de la façon la plus concrète à la plus symbolique. Dans ce contexte, nous nous intéresserons aussi bien aux intentions et aux visées des tenants de l’enfermement qu’à la réaction et au « ressenti » des individualités le subissant et en rendant compte. La question du genre sera posée, comme c’est habituellement le cas, dans sa dimension sociale et interrelationnelle, et dans une perspective intersectionnelle. Le contexte « paroxystique » ou « extrême » de l’enfermement pourrait se révéler particulièrement fécond pour l’analyse : la privation de liberté constitue-t-elle un espace ou un état propice à la (re)définition de catégories, de relations et de normes propres ou, au contraire, génère-t-elle des micro-sociétés ou des comportements individuels qui reproduisent les structures patriarcales et les normes hétéronormées, autrement dit les répètent en « performant » les genres (Butler 1990) ? Ainsi aborderons-nous cette problématique sous l’angle double de la perpétuation et/ou de la réinvention collective des codes dominants et de l’expérience individuelle qui, peut-être, permet de ou oblige à penser et expérimenter de nouveaux modes de différenciation et de hiérarchisation entre les sexes ou entre représentants d’un même sexe. Les aspects et la phénoménologie de ces (ré)élaborations et (ré)organisations, tant dans les pratiques que dans leurs représentations, retiendront particulièrement notre attention.

 

On pourra s’intéresser, entre autres, aux thèmes suivants :

 

1. Un premier axe pourra se pencher sur les différentes pratiques et réalités en matière d’enfermement en lien avec la question du genre. Les objectifs de l’enfermement sont-ils les mêmes d’un genre à l’autre, selon les époques, les cultures, les pays, les classes, les générations ? Les dispositifs mis en place suivent-ils les mêmes logiques selon que l’on est homme, femme ou que l’on appartient à un autre genre ? Dans quelle mesure cette mise à l’écart spatiale entend-elle renforcer les identités genrées traditionnelles, dans quelle mesure y parvient-elle ?

 

2. Un deuxième axe pourra se consacrer au sujet « isolé », qu’il se trouve en situation d’incarcération, de claustration, d’hospitalisation ou de ségrégation. Sur le plan géographique, urbain ou architectural, le genre crée aussi des frontières invisibles, induisant souvent des différences de temporalité. Comment la mise à l’écart ou la séparation sociale agit-elle sur l’individu genré ? Des comportements sociaux et des discours spécifiques en découlent-ils ? L’enfermement conduit-il plus souvent à la soumission et à l’immobilisme dans un cas que dans l’autre ? Y a-t-il des trajectoires genrées qui prédisposent à la résistance ?

 

3. Un troisième axe pourra étudier plus spécifiquement les stratégies narratives et/ou esthétiques élaborées et mises en œuvre(s) afin de contourner, détourner, neutraliser le carcan des règles établies. À l’aide de quels dispositifs l’enfermement et son éventuel dépassement sont-ils représentés : quels sont les types d’expressions artistiques choisis pour en rendre compte ? Quelle place le corps et/ou l’imaginaire y occupent-ils ? Ces derniers sont-ils différents selon les genres ? Les modes de déconstruction des modèles dominants et de remise en cause de l’organisation différentialiste de la société varient-ils ? Peut-on dans ce cas parler de subjectivité artistique féminine, masculine, queer ?

 

4. Enfin, un quatrième axe pourra se consacrer plus exclusivement au langage et à la rhétorique de l’enfermement, à la fois source et reflet de la différence et de la hiérarchie entre les genres. Notre attention se portera particulièrement sur les expressions et métaphores liées à cette thématique. Elle interrogera également les « grammaires » qui tentent d’échapper ou de s’opposer au discours dominant, le terme « grammaire » devant être compris au sens large : littéraire, cinématographique, picturale, musicale…

 

Les communications attendues porteront sur les civilisations (philosophie, histoire, sociologie, droit, géographie, architecture, urbanisme) et les arts (littérature, cinéma, musique, beaux-arts, arts vivants) des différentes aires linguistiques qui composent le laboratoire LCE : anglophone, francophone, germanophone, hispanophone italophone et lusophone.

La langue de travail du colloque est le français.

La publication des actes est prévue.

 

Comité scientifique :

 

Yannick Chevalier, Université Lumière Lyon 2

Nicole Edelmann, professeure émérite Université Paris Ouest-Nanterre la Défense

Patrick Farges, Université Paris III Sorbonne Nouvelle

Fiona McCann, Université Lille III et IUF

Marta Segarra, Université de Barcelone et CNRS

Nadia Setti, Université Paris VIII et Institut Emilie de Châtelet

Michèle Soriano, Université de Toulouse

Xenia von Tippelskirch, Humboldt Universität Berlin

Michelle Zancarini-Fournel, professeure émérite Université Claude Bernard Lyon 1 

 

 

 

 

Envoi des propositions de communications d’ici le 30 avril 2017 aux adresses mél suivantes :

 

Les abstracts ne feront pas plus de 500 mots et seront accompagnés d’un mini-CV d’une dizaine de lignes

 

 

Bibliographie :

- Y. Chevalier, « Approches linguistiques du genre (gender) ». Conférence ENS Lyon, le 22.10.2013. Disponible en ligne :

http://cle.ens-lyon.fr/plurilangues/approches-linguistiques-du-genre-gender--214114.kjsp

- R. Corona, Mots de l'enfermement : Clôtures et silences : lexique et rhétorique de la douleur du néant, Harmattan Italia, 2012.

- Christophe Dumas, Erich Fisbach (dir.), Récits de prison et d'enfermement, Presses Universitaires d’Angers, Collection Publications AN, 2010.

- Patrick Farges, Cécile Chamayou-Kuhn, Perin Emel Yavuz, Le Lieu du genre. La narration, espace performatif du genre, Presses Sorbonne nouvelle, 2011.

- Michel Foucault, Surveiller et punir. Naissance de la prison [1975], Paris, Gallimard "Tel ; n° 225", 1993.

- Michel Foucault, « Les hétérotopies », in Le Corps utopique suivi de Les Hétérotopies, Paris, Lignes, 2009, p. 21-36.

- C. González, Caroline Lepage, Laurence Mullaly, Antoine Ventura (dir.), Femmes, écritures et enfermements en Amérique latine, Presses Universitaires de Bordeaux, 2012.

- Paul B. Preciado, Manifeste contra-sexuel, Paris, Balland, 2000.

- Christiane Klapisch-Zuber, Florence Rochefort (dir.), « Clôtures », CLIO, n° 26, PUM, 2007.

- Gwénola Ricordeau, Olivier Milhaud, « Prisons – Espaces du sexe et sexualisation des espaces », Géographies et cultures, n° 82, 2012, p. 69-85, en ligne http://gc.revue.org/2056, [19 juil. 2016]

Lieu Université Lyon 2 -30 novembre/2 décembre 2017
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