Poésie underground au féminin du XXe siècle à nos jours |
|
|||||
|
||||||
Colloque « Poésie underground au féminin du XXe siècle à nos jours » 27 et 28 novembre 2025 – Maison des Sciences de l’Homme de Clermont-Ferrand Diffusée en marge des circuits traditionnels, la poésie underground, c’est-à-dire « clandestine », parfois illégale et/ou dissidente, doit sa survie – voire celle de son auteur/autrice – à son existence cachée et silencieuse. Ses voies de circulations et de diffusions sont très diverses et renvoient à ce qu’on peut appeler une « contre-culture » (JEZO-VANNIER Steven, 2013), à travers des éditions clandestines et autoéditions (samizdat, tamizdat, fanzines), une diffusion numérique, ou l’écriture manuscrite. Elle passe aussi par l’oralité : lecture publique en petits comités (salons souterrains, lieux publics), radio clandestine, magnetizdats, poésie sonore ou chantée (la poète mexicaine Sara Raca). Ces conditions de circulation influent voire déterminent la nature même de cet objet poétique, à travers le passage de l’écriture à l’oralité ou inversement, ou encore par les interactions, dans l’espace poétique, entre des dimensions graphiques et visuelles (la poésie expérimentale visuelle étant fréquemment une poésie marginale/marginalisée). Le corps devient parfois support de circulation des poèmes, outil de mise en scène (Diana J. Torres, Alicia G. Núñez), ou même encrier dans le cas de l’écriture poétique en milieu carcéral (songeons à Lin Zhao qui, privée d’encre et de papier, écrit avec son propre sang). D’ailleurs, nous observerons les conditions de circulation de cette poésie, entre les frontières d’un pays où elle est censurée, marginalisée, et au-delà de ses frontières, lorsqu’elle trouve, grâce à la traduction, un lectorat, une respectabilité, voire une réelle canonisation de la poète qui peut ensuite se reproduire dans son propre pays. Il faudra donc considérer la diversité de la poésie underground, et la porosité des frontières qui la séparent – temporairement ou définitivement – de la poésie mainstream, du canon, des circuits de diffusion autorisés. D’une part, le XXe et le XXIe siècles voient se succéder des régimes totalitaires dans lesquels la poésie dissidente parvient à circuler discrètement[1], en contournant la censure (que ce soit dans l’Espagne de Franco, en Europe de l’Est[2], avant et après la chute du mur de Berlin). D’autre part, la poésie marginale est parfois « souterraine » par obligation, victime d’un « plafond de verre » ou mise « au placard », dans une société patriarcale et capitaliste/néolibérale. Contre son gré, elle est alors reléguée en marge des éditions les plus connues, à l’instar de la poésie féministe qui, peut-être parce qu’elle peine à être publiée par les éditeurs les plus renommés, circule parfois par le biais des fanzines. L’accent sera également mis sur le travail des éditrices, traductrices et constitutrices des réseaux souterrains (Xu Haoyuan en Chine, Hettie Jones et Edie Parker aux États-Unis, Jana Černá en Tchécoslovaquie). En réunissant des chercheurs et chercheuses spécialistes d’aires linguistiques et culturelles diverses (hispanophone, anglophone, francophone, sinophone, etc.), nous espérons faire émerger des points de convergence ou de divergence entre les conditions d’existence de ces poésies. Par ailleurs, nous interrogerons certaines postures fréquentes dans la poésie clandestine/underground au féminin : la poète « souterraine » comme figure de réclusion, marginalisée, pathologisée (Sylvia Plath, Sonia Moll, María Castrejón, Elise Cowen…) ou ayant recours à des paradis artificiels tels que l’alcool, la drogue ou encore le sexe (Jana Černá, Diane di Prima…). Par ailleurs, le recours à un pseudonyme peut participer à la création d’une identité alternative, souterraine[3]. Si la poésie underground masculine et anglophone a déjà fait l’objet de riches travaux[4], nous aimerions élargir notre réflexion à une poésie féminine marginalisée ainsi qu’à la poésie underground des minorités de genre. Par ailleurs, les corpus extraeuropéens de poésie souterraine sont encore peu étudiés et la poésie dissidente des régimes communistes représente par exemple un vaste champ de recherche que nous aimerions explorer dans le cadre de ce colloque[5]. Les propositions peuvent aborder, mais ne sont pas limitées aux axes suivants :
— Les propositions de communications (environ 250 mots) accompagnées d’une notice bio-bibliographique sont à envoyer d’ici le 3 décembre 2024 à — Comité d’organisation Oriane Chevalier (CELIS, Université Clermont Auvergne) Aurore Ducellier (3LAM, Université d’Angers) Lucie Lavergne (CELIS, Université Clermont Auvergne) Bénédicte Mathios (CELIS, Université Clermont Auvergne) Mawada Zid (CELIS, Université Clermont Auvergne) — Comité scientifique Chloé Chaudet (CELIS, Université Clermont Auvergne) Aurore Ducellier (3LAM, Université d’Angers) Lucie Lavergne (CELIS, Université Clermont Auvergne) Patricia Godi-Tkatchouk (CELIS, Université Clermont Auvergne) Hélène Martinelli (IHRIM, ENS de Lyon) Bénédicte Mathios (CELIS, Université Clermont Auvergne) Nathalie Vincent-Munnia (CELIS, Université Clermont Auvergne) — Bibliographie indicative BAEK Jieun, North Korea’s Hidden Revolution: How the Information Underground is Transforming a Closed Society, New Haven, CT: Yale University Press, 2016. BIZOT Jean-François, Free Press. La contre-culture vue par la presse underground, Paris, Actuel/Nova éditions, 2010. BIZOT Jean-François, Underground : l’histoire, Paris, Denoël, 2001. CAMARADE Hélène, GALMICHE Xavier, JURGENSON Luba (dir.), Samizdat Publications clandestines et autoédition en Europe centrale et orientale années 1950-1990, Paris, Nouveau Monde, 2023. GABROUSSENKO Tatiana, Soldiers on the Cultural Front: Developments in the Early History of North Korean Literature and Literary Policy, Honolulu, University of Hawaii Press, 2010. GAVIGNET Sébastien, MARÍ PEGRUM Annalisa, Beat Attitude – Femmes poètes de la Beat Generation, Paris, Ed. Bruno Doucey, 2018. HEBDIGE Dick, Sous-culture, Paris, Zones, 2008. JEZO-VANNIER Steven, Contre-culture(s) : des Anonymous à Prométhée, Marseille, Le Mot et le reste, 2013. JOO Hyung-Min, « Voices of Freedom: Samizdat », Europe-Asia Studies, Jun., 2004, Vol. 56, No. 4, pp. 571-594. LASCH Christopher, Culture de masse ou culture populaire ?, Climats, 2001. LIEMS Alfrun, Underground Modernity: Urban Poetics in East-Central Europe, Pre- and Post-1989, Budapest, Central European University Press, 2021. MACHOVEC Martin, Writing underground: reflections on samizdat literature in totalitarian Czechoslovakia, Praha, Karolinum Press, 2019. NHÃ Thuyên, Unmartyred: [Self-]vanishing Presences in Vietnamese Poetry, New York, Roof Books, 2019. ROSZAK Theodore, Vers une contre-culture, Paris, Stock, 1970. ROUZAUD Jean, Contre-culture, Paris, Nova éditions, 2018. TURNER Fred, Aux sources de l’utopie numérique. De la contre-culture à la cyberculture, Stewart Brand, un homme d’influence, Paris, C&F éditions, 2013. |
||||||
Lieu Maison des Sciences de l'Homme, Clermont Ferrand | ||||||
Contact | ||||||
https://celis.uca.fr/production-scientifique/manifestations-scientifiques/colloques-et-journees-detudes/2025/colloque-%C2%AB-poesie-underground-au-feminin-du-xxe-siecle-a-nos-jours-%C2%BB |
Aucun évènement |