Appels à communication

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Appel à contribution - La Main de Thôt 2025 - Qu'apprend-on quand on apprend à traduire?" Télécharger au format iCal
 

Appel à contribution – La Main De Thôt 2025 « Qu’apprend-on quand on apprend à traduire ? »

https://interfas.univ-tlse2.fr/lamaindethot/

 

L’émergence de programmes de traduction en libre accès aussi perfectionnés que DeepL et depuis peu ChatGPT aura sans nul doute des effets massifs sur notre appréhension pratique et théorique de la traduction. En pratique, le sens et la portée de l’apprentissage de la traduction sont considérablement déplacés. D’une part, parce que les performances des logiciels laissent envisager qu’on leur abandonne progressivement une part importante du volume textuel dont la traduction est rendue nécessaire dans notre environnement mondialisé. D’autre part, parce que l’on est en droit de se demander ce que signifie apprendre à traduire, puisque les résultats de l’intelligence artificielle impressionnent précisément dans leur capacité à faire apprendre la machine à traduire.

Néanmoins, envisager la traduction comme une véritable pratique conduit à ne pas se contenter de la simple question « qu’est-ce qu’apprendre à traduire ? », opposant irréductiblement technique traductologique et algorithmique du Deep Learning, mais à poser la question des effets de la traduction non seulement relativement aux textes et aux langues, mais aussi et surtout relativement à ses acteurs, individus, collectifs et sociétés : « qu’apprend-on quand on apprend à traduire ? ».

Cette question formule implicitement la question « qu’est-ce que traduire ? », une question théor(ét)ique qui n’a cessé d’alimenter les débats philosophiques depuis les débuts de la philosophie en langue vulgaire et à laquelle répondent en creux les réflexions traductologiques au fil de la seconde moitié du XXe siècle, mais en l’articulant tout aussi implicitement aux effets de la pratique de traduction sur ses agents. L’activité même de traduire déplace en effet notoirement notre perspective sur notre langue en objectivant notamment ce qui, dans la chose dite, revient en propre à la langue qui la dit. La traduction est alors le lieu d’apprentissage de la dialectique du propre et de l’étranger, elle-même matrice de la formation des objets culturels. En cela, apprendre à traduire, c’est apprendre la relativité de la culture et la préséance de l’interculturel sur le culturel, un théorème éminemment politique. Apprendre à traduire est en ce sens une expérience irréductible pour toute société véritablement vivante, ouverte et créative. La traduction n’est pas un problème technique que l’on pourrait réduire, mais le problème esthétique et politique fondateur de toute communauté humaine.

En effet, l’apprentissage de la traduction est conjointement le lieu de découverte ou de redécouverte esthétique ludique du pouvoir plastique et créateur de la langue et un lieu privilégié de l’expérience de la créativité intrinsèque des langues, particulièrement (mais pas exclusivement) lorsque la traduction nous confronte à des textes littéraires ou philosophiques qui sollicitent essentiellement cette plasticité de la langue et sa faculté à toujours donner à penser. Apprendre à traduire peut alors être en ce sens faire la découverte de la ressource infinie du langage pour lequel il n’y a rien d’essentiellement intraduisible.

Ce numéro de LMDT vise à interroger en pratique ces dialectiques internes à toute théorie de la traduction et les enjeux didactiques qui en découlent pour l’apprentissage de la traduction.

Les axes qui pourront être traités sont les suivants :

  • le deep-learning et les apprentissages traductologiques ;
  • la formation de l’esprit dans/par la traduction;
  • la traduction de textes philosophiques comme expérience de créativité linguistique et philosophique ;
  • la traduction automatique neuronale, l’éthique et la philosophie.

 

Les propositions sont à envoyer le 3 avril 2025 sous la forme d’un article complet accompagné d’un résumé en français, d’un résumé en anglais ou dans les langues de la revue (allemand, espagnol, italien, catalan, LSF), de cinq mots-clés, d’une bibliographie et d’une notice bio-bibliographique des auteurs.

 

 

 

 

 

Bibliographie indicative :

 

Bénard, M., Bordet, G., & Kübler, N., (2022), Réflexions sur la traduction automatique et l’apprentissage en langues de spécialité, ASp, p. 81‑98.

Benjamin, Walter, (2000), « La tâche du traducteur », in Œuvres I, trad. M. de Gandillac, Paris, Gallimard.

Berman, Antoine, (2008), L’âge de la traduction. « La tâche du traducteur de Walter Benjamin, un commentaire, Presses universitaires de Vincennes.

Berman, Antoine, (1999), La traduction et la lettre ou l'auberge du lointain, Paris, Seuil.

Hernandez Morin, K., & Barbin, F., (2021). Collaboration homme-machine dans la traduction des métadonnées en SHS : expérience de traduction automatique post-éditée pour quatre revues françaises. La main de Thôt.

Hernández Morin, K., (2019), « Évolution des technologies et des usages en traduction : pratique et enseignement de la post-édition », Elisabeth Lavault-Olléon et Maria Zimina (éd.), Des mots aux actes. Traduction et technologie, regards croisés sur de nouvelles pratiques, p. 239-256.

Josselin-Leray, A. & Fillière, C., La traduction littéraire et SHS à la rencontre des nouvelles technologies de la traduction : enjeux, perspectives et défis, La Main de Thôt, 2021, numéro 9 https://interfas.univ-tlse2.fr/lamaindethot/899

Ladmiral, Jean-René, (2014), Sourcier ou cibliste. Les profondeurs de la traduction, Paris, Belles Lettres.

De Launay, Marc, (2006), Qu’est-ce que traduire ?, Paris, Vrin.

Loock, R., Holt, B., & Léchauguette, S., (2022), “Dealing with the “elephant in the classroom”: Developing language students’machine translation literacy”, Australian Journal of Applied Linguistics 5 (3), p.118-134.

Robert, I., Ureel, J. J., & Schrijver, I., (2023), “Translation, translation revision and post-editing competence models: Where are we now?”, G. Massey, E. Huertas-Barros, & D. Katan (Éds.), The human translator in the 2020s London-New York, Routledge Taylor Francis Group, p. 44‑59.

Schumacher, P. (December 2023), « Traduction humaine et postédition : contrôle qualité en contexte académique », Meta: Journal des Traducteurs, 68 (3), p. 510-536

Schumacher, P., & Sutera, A., (2022), « Analyse Comparative de post-édition et de traduction humaine en contexte académique”,C. Expósito Castro, M. del M. Ogea Pozo, & F. Rodríguez Rodríguez (Éds.), Theory and practice of translation as a vehicle for knowledge transfer, Universidad de Sevilla, p. 173-208.

Varela Salinas, M.-J., & Burbat, R., (2023), « Google Translate and DeepL : Breaking taboos in translator training: Observational study and analysis», Ibérica, p. 243‑266.

Volkart, L., Girletti, S., Gerlach, J., Mutal, J. D., & Bouillon, P., (2022), « Source or target first? Comparison of two post-editing strategies with translation students », Journal of Data Mining & Digital Humanities. https://hal.science/hal-03546151/document

 

Lieu Toulouse UT2J
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