Appels à communication

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XVIII Colloque international du CRICCAL: Les « mauvais genres » en Amérique latine (19ème-21ème siècle) 14-16mars 2024 Télécharger au format iCal
 
 
Ce que désigne la locution « Mauvais genre » en français, il est difficile d’en donner une équivalence dans d’autres langues, comme l’espagnol. Cette difficulté doit nous stimuler : il s’agit pour nous, lors de ce colloque, moins d’en donner une définition, que d’en cerner les contours, de voir ce que dit, ce que nous dit, cette locution.
Ce colloque est un jalon dans une vaste réflexion entreprise récemment par le CRICCAL sur les relations entre cultures savantes, cultures populaires et cultures de masse. Si l’extension suggérée par l’expression « Mauvais genres » n’est pas uniquement tributaire de cette triade classique, au moins peut-on considérer que la question du ou des « mauvais genre », n’est pas historiquement dissociée des jugements de valeur, en particulier éthiques et esthétiques, liés à la constitution cette tripartition.
 Nous pouvons d’ores et déjà envisager quatre  axes essentiels pour aborder notre sujet :
  • Le premier axe que nous proposons interroge ainsi ce mode de fabrication des catégories du « mauvais genre », dans un sens qui le rapprocherait, sans qu’ils ne se confondent, de celui « mauvais goût ». Dans la perspective des productions culturelles, le « mauvais genre » convoque une série d’artefacts et d’objets culturels considérés, au moins en leur principe, comme en dissonance avec la catégorie du « bon goût ». Une telle approche peut paraître datée, au moins pour ce qui concerne les champs culturels actuels, très diversifiés et susceptibles de multiples appropriations. Peut-on aborder la notion de « mauvais genre » en faisant abstraction de cette opposition, de cette division, labile, des productions artistiques et littéraires ? La constitution d’un champ aimanté par des « valeurs » ne nécessite-t-elle pas une approche multiple pour tracer la généalogie et l’évolution des paradigmes qui y président ? La définition du mauvais genre n’est-elle pas, dès lors, une conséquence de la tripartition évoquée ci-dessous, le « mauvais genre » étant en particulier l’apanage des productions de masse de la culture ?
     
  •  Sans vouloir systématiquement considérer de façon séparée les questions théoriques et pratiques concernant notre objet d’étude, il n’en reste pas moins qu’une des perspectives les plus fertiles est bien celle des « genres », en particulier littéraires et artistiques, convoqués par l’énoncé lui-même. Là aussi, nous nous trouvons face à un panorama complexe, synchroniquement et diachroniquement en perpétuelle évolution. Les genres dits « mineurs » ou ce que l’on a pu appeler la paralittérature, ou bien, dans le champ de la production artistique, le pop art, ou encore tout ce qui a trait à la vulgarisation des connaissances, bref n’importe quelle production massifiée, est-elle liée ou non, et comment, à la question du « mauvais genre » ? Ou, plus exactement : l’hypothèse du « mauvais genre » peut-elle nous aider à comprendre la constitution d’une telle typologie ainsi que des marges depuis lesquelles elle s’élabore ? Il nous incombe ainsi, depuis nos aires de recherche, d’explorer les territoires des arts populaires, des productions artistiques liées aux traditions autochtones, des manifestations plastiques urbaines “sauvages”, etc.
     
  • La question du « genre », en aussi en rapport étroit avec les partages culturels du sexuel et du symbolique, convoquant par-là de nombreux exemples et de nombreuses théories liées à ce que nous nommons le « mauvais genre » : s’y déploient, en particulier, la question de la provocation, des ruptures normatives et de la spectacularisation de ces ruptures. Les médias seront des véhicules privilégiés de ce que l’on a pu rattacher au kitsch ou au trash, selon les modalités et les époques. En somme, tout ce qui fait « mauvais genre » en regard des normes d’une époque et d’une société.
    Les idées de canon et des discours relevant du bon goût, aussi bien dans la littérature que dans d’autres domaines, sont liées, du moins implicitement, aux manières de représenter le corps et les activités érotiques, car ces thèmes sont liés au bon goût et aux modèles sociaux de (bonne) conduite. On pourra penser ainsi aux représentations et à leur stéréotypes dans les rythmes populaires actuels du sous-continent (chumpeta, cumbia, reggaeton, etc.)
    Si l’on pense, par exemple, au canon littéraire comme un ensemble de textes modèle qui ont une “‘autorité didactique’” (Demetrio Estébanez Calderón, Breve diccionario de términos literarios, 2015: 68) à l’heure de transmettre une tradition, cela donne lieu à des questions sur le rapport entre ce modèle et ce qui relève du corporel et de l’érotisme. Ces questions se posent également à l’heure de réfléchir sur des textes, représentations et discours autres, y compris “mineurs” ou marginaux.
    Une question générale qui vise non seulement le “mauvais genre” mais également le “bon goût” et d’autres catégories:  comment se tissent les rapports entre les discours et les représentations savantes, populaires, de masse et relevant du « mauvais genre » par et à travers les thèmes du corporel et de l’érotisme?
     
  • Une dernière question, très générale, subsiste, à laquelle il nous faudra répondre et qui concerne une cartographie des productions culturelles : le « mauvais genre » existe-t-il encore ? Nous pouvons avoir, en effet, l’impression que l’évolution des mentalités amène à une intégration non problématique de ce qui a pu, un temps, être considéré comme ressortissant au « mauvais genre » (la liste serait longue, de la BD aux telenovelas). Cela peut-il se reproduire aujourd’hui? quelles seraient alors les nouvelles marges ou marginalités à partir desquelles émergeraient des produits qui ne seraient pas (encore) sur le marché de la consommation culturelle ou qui en seraient bannis ? En-deçà, ou peut-être au-delà, de cette hypothèse, la question fondamentale semble bien être celle de la valeur marchande de cette catégorie de “mauvais genre” dans le monde globalisé de la consommation culturelle. “A qui profite le sale ?”, selon l’interpellation de la philosophe Benjamine Weill.  La triade culturelle dont nous avons parlé auparavant pourrait alors être réinterrogée depuis un cadastre renouvelé, en termes, par exemple, de “niches”, où seraient reconduites des hiérarchies et des segmentations problématiques.
Les propositions d’intervention à ce colloque devront nous parvenir au plus tard le 1er décembre 2023. Nous vous demandons de nous adresser un résumé d’une dizaine de lignes (en français ou en espagol), accompagné de 5 mots-clés ainsi qu’une suggestion de l’axe où vous pensez vous inscrire parmi ceux proposés par l’équipe.
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Lieu Université Sorbonne nouvelle
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