Appels à communication

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Appel à communication / Journée d’étude : « Les journaux intimes dans la sphère espagnole et latino-américaine : laboratoire d’une œuvre ou œuvre d’une vie ? » Télécharger au format iCal
 
Appel à communication
Journée d’étude : « Les journaux intimes dans la sphère espagnole et latino-américaine : laboratoire d’une œuvre ou œuvre d’une vie ? », Arras, 17 octobre 2023
 
Organisation : Camilo Bogoya (MCF Littérature latino-américaine, Textes & Cultures, Université d’Artois, )
Date limite d’envoi des propositions : 1er septembre 2023
Format : hybride
 
Éléments de contextualisation
L’éclatement des formes autobiographiques, l’essor des textes hybrides, la figure de plus en plus problématique de l’auteur sont quelques traits dominants du champ littéraire de ces dernières décennies. Dans cette perspective, l’écriture diariste s’est consolidée dans la sphère espagnole et latino-américaine. Il s’agit d’œuvres qui surgissent aux marges de la littérature et qui conservent, cependant, une vocation patrimoniale. Cette façon de récapituler l’expérience coïncide avec la naissance de l’écriture, du commerce et de la vie administrative. Les registres collectifs de l’Antiquité, c’est-à-dire les acta (procès-verbaux qui concernaient l’état civil, les lois, les élections), les livres de comptes et les commentaria (où l’on notait les petits événements de la collectivité) sont les ancêtres des registres personnels (Lejeune et Bogaert, 2003, 41). Si nous pensons à des exemples qui laissent la communauté de côté pour donner la place au sujet, la tradition remonte, en Orient, au Notes de chevet de Sei Shonagon, et au Journal de Murasaki Shikibu. Chez les deux autrices, rivales littéraires vers la fin du Xe siècle, l’on retrouve déjà quelques caractéristiques qui ébauchent le genre : finesse dans l’observation, critique des contemporains, style confessionnel, une série de notes qui obéissent à une forme reconnaissable et en même temps difficile à définir.
 
En Occident, le Journal de Christophe Colomb, perdu et retranscrit par Bartolomé de Las Casas, est l’un des exemples les plus représentatifs d’une écriture qui a été avant tout un document technique et est devenu l’un des textes fondateurs de la Conquête de l’Amérique. L’avènement du papier, la conception du temps fondée sur l’apparition de l’horloge mécanique, du calendrier annuel et de l’usage de l’agenda, sont des métamorphoses qui correspondent à l’évolution de l’individualisme et à l’apparition des écritures centrées sur une chronologie de l’intime. Dans cette démarche, le Journal (1660-1669) de Samuel Pepys, est précurseur d’une écriture qui mêle le privé, les grands événements historiques de la période de la Restauration à Londres (la peste de 1665 ou le grand incendie de 1666), les dépenses quotidiennes et l’ascension sociale de l’auteur (Simonet-Tenant, 2004, 47).
 
Entre le journal maritime comme document ethnographique et le journal comme écriture privée, il convient d’ajouter le récit introspectif destiné à devenir un instrument d’éducation spirituelle. Pour Georges Gusdorf, le discours religieux est le grand modèle de l’écriture diariste. Saint Ignace de Loyola, dans son Journal spirituel (1544-1545), se livre à une expression intimiste où les mouvements de l’âme sont vus avec lucidité et raisonnement, laissant place au mysticisme.
 
Ces influences se développent dans différentes directions et domaines de l’écriture de soi, sans que les textes qui en résultent aient vocation à être publiés. Le XIXe siècle sera un point de rupture. Quelques modèles du genre apparaissent, avec publication posthume ou publication du vivant de l’auteur : le Journal de Benjamin Constant (1861), auteur qui donne à une partie de son écriture la forme d’un code ; le Journal de Stendhal (1888), paradigme d’une écriture rapide et d’une vie vouée aux passions multiples ; le Journal (1887) des frères Goncourt, centré sur la vie littéraire, politique et mondaine ; le Journal (1887) de Marie Bashkirtseff qui marquera une nouvelle étape dans le journal écrit par des femmes, s’éloignant de l’édification et du contenu pédagogique, pour devenir la « bible de toute une génération en France et à l’étranger » (Simonet-Tenant, 2004, 79).
 
Dès la fin du XIXe siècle, la tradition diariste ne cesse de s’enrichir. Le genre peut déjà poser les contours d’un canon : Tolstoï, Kafka, Gide, Musil, Virginia Woolf, Thomas Mann, Anaïs Nin, Pavese, Witold Gombrowicz, Susan Sontag... En Espagne, les exilés républicains cultivent le genre (Juan Ramón Jiménez, Emilio Prados ou Max Aub). Au cours des XXe et XXIe siècles, des exemples mémorables apparaissent : le Retrato del artista en 1956 de Jaime Gil de Biedma, Vuelta de Rosa Chacel, El quadern gris de Josep Pla, Salón de pasos perdidos, le projet monumental d’Andrés Trapiello, Cuadernos de todo de Carmen Martín Gaite, Días de diario d’Antonio Muñoz Molina, une tradition qui mène jusqu’au Journal de Rafael Chirbes, l’un des exemples les plus emblématiques de l’écriture diariste dans la littérature espagnole contemporaine.
En Amérique latine, les cas sont tout aussi nombreux : le Journal secret de José María Vargas Vila, le Journal de Federico Gamboa, le Diario de aprendices de César Brañas. Plus connus, plus impressionnants et paradigmatiques sont les Journaux d’Alejandra Pizarnik, une sélection posthume de la trentaine de documents (carnets, cahiers, feuilles agrafées) conservés à l’Université de Princeton ; La letra e. Fragmentos de un diario d’Augusto Monterroso ; ou Primeros diarios. Donoso in progress de José Donoso, un avant-goût des 64 volumes conservés à l’Université d’Iowa et à l’Université de Princeton, un ensemble qui témoigne de 45 ans d’écriture diariste. Dans ce corpus, il faut citer deux exemples majeurs qui font du journal l’aboutissement d’une œuvre : La tentación del fracaso de Julio Ramón Ribeyro et Los diarios de Emilio Renzi de Ricardo Piglia.
Notre journée d’étude vise à interroger un corpus espagnol et latino-américain, centré sur les XXe et XXIe siècles. Quelles sont les modalités de construction de la figure d’auteur ? Le journal est-il le laboratoire d’une œuvre parallèle, ou est-il l’œuvre essentielle, l’œuvre culminante, « le dénouement d’une métafiction qui embrasse toute une trajectoire » (Premat, 2019, 1) ? Quelles sont les tensions entre littérature et politique qui ressortent de ces textes ? Et entre l’intime et le public, entre l’écriture pour soi et l’écriture pour les autres, entre la volonté de l’écrivain et la postérité ? En quoi les journaux nous obligent-ils à repenser les notions de privé, de national, ainsi que d’engagement ? Quelle place occupe le journal intime, avec ses stratégies et ses modes narratifs, dans des écritures numériques dominées par l’émergence de soi ? Ce ne sont que quelques pistes que nous allons traiter.
 
Date limite d’envoi des propositions : 1er septembre 2021.
Les propositions de communication (interventions de 30 minutes, en français ou en espagnol) sont à envoyer à Camilo Bogoya () avant le 1er septembre 2023. Elles devront inclure une fiche bio-bibliographique et un résumé de 200 mots environ.
 
 
Jornada de estudios: “Los diarios en la esfera española y latinoamericana: ¿laboratorio de una obra u obra de una vida?”, Arras 17 de octubre de 2023
 
Organización: Camilo Bogoya (MCF en Literatura latinoamericana, laboratorio Textes & Cultures, Universidad de Artois, )
Fecha límite para recepción de propuestas: 1ro de septiembre 2023
Formato: presencial y virtual
 
Elementos de contextualización
La explosión de las formas autobiográficas, el auge de los textos híbridos, la figura cada vez más problemática del autor son algunos rasgos dominantes del campo literario de las últimas décadas. Bajo estas coordenadas se ha consolidado la escritura diarista en la esfera española y latinoamericana, obras que surgen en los márgenes de la literatura y conservan, sin embargo, una vocación patrimonial. Esta forma de recapitular la experiencia coincide con el nacimiento de la escritura, el comercio y la vida administrativa. Los registros colectivos de la Antigüedad, es decir, las acta (que tenían que ver con el estado civil, las leyes, las elecciones), los libros de cuentas y los commentaria (que se referían a las crónicas) son los ancestros de los registros personales (Lejeune y Bogaert, 2003, 41). Si pensamos en ejemplos que dejan atrás la colectividad para centrarse en un sujeto, la tradición, nos remonta, en Oriente, a El Libro de la Almohada de Sei Shonagon y al Diario de la dama Murasaki, de Murasaki Shikibu. En ambas autoras, rivales literarias a finales del siglo X, ya encontramos algunas características que esbozan el género: agudeza en las observaciones, reflexión personal, inclinación por el detalle, síntesis de un medio social, crítica de los contemporáneos, estilo confesional, textos que obedecen a una forma reconocible y a la vez difícil de definir.
 
En Occidente, el Diario de Cristóbal Colón, perdido y transcrito por Bartolomé de Las Casas, es uno de los ejemplos más representativos de una escritura que era ante todo un registro técnico y se convirtió en uno de los textos fundacionales de la Conquista de América. La llegada del papel, la concepción del tiempo basada en la aparición del reloj mecánico, del calendario anual y del uso de la agenda, corresponden a la evolución del individualismo y a la aparición de escrituras centradas en una cronología de lo íntimo. En este proceso, el Diario (1660-1669) de Samuel Pepys es un precursor de una escritura que mezcla lo privado, los grandes acontecimientos históricos en el Londres de la Restauración (la peste de 1665 o el incendio de 1666), los gastos cotidianos y la ascensión social del autor (Simonet-Tenant, 2004, 47).
Entre el diario marítimo como registro etnográfico y el diario como escritura de lo privado, habría que agregar el relato introspectivo cuya finalidad consistía en convertirse en un instrumento de educación espiritual. Para Georges Gusdorf, el discurso religioso es el gran modelo de la escritura diarista. San Ignacio de Loyola, en su Diario espiritual (1544-1545), se libra a una expresión interior en la que los movimientos del alma son vistos con lucidez y raciocinio, dejando un lugar para la mística.
 
Estas influencias se afianzan en diferentes direcciones y ámbitos de la escritura del yo, sin que los textos que resultan tengan la finalidad de publicarse. El siglo XIX será un punto de ruptura; aparecen, con la publicación póstuma o en vida, algunos modelos del género: el Diario de Benjamin Constant (1861) quien dio a una parte de su escritura la forma de un código para protegerse; el Diario de Stendhal (1888), paradigma de una escritura rápida y de una vida consagrada a múltiples pasiones; el Diario (1887) de los hermanos Goncourt, centrado en la vida literaria, política y social; el Diario (1887) de Marie Bashkirtseff que marcaría una nueva etapa en el diario femenino, alejándose de la edificación y el contenido pedagógico, para convertirse en la “biblia de toda una generación en Francia y en el extranjero” (Simonet-Tenant, 2004, 79).
A partir de finales del siglo XIX, la tradición diarista no deja de ampliarse. El género ya puede estructurarse en un canon: Tolstoi, Kafka, Gide, Musil, Virginia Woolf, Thomas Mann, Anaïs Nin, Pavese, Witold Gombrowicz, Susan Sontag… En España, los exiliados republicanos cultivan el género (Juan Ramón Jiménez, Emilio Prados o Max Aub); a lo largo del siglo XX y XXI, aparecen ejemplos memorables: el Retrato del artista en 1956 de Jaime Gil de Biedma, Vuelta de Rosa Chacel, El quadern gris de Josep Pla, Salón de pasos perdidos, el proyecto monumental de Andrés Trapiello, Cuadernos de todo de Carmen Martín Gaite, Días de diario de Antonio Muñoz Molina, una tradición que desemboca en los Diarios de Rafael Chirbes, uno de los ejemplos emblemáticos del género en la literatura española contemporánea.
En América latina, los casos son igualmente numerosos: el Diario secreto de José María Vargas Vila, el Diario de Federico Gamboa, los Diarios de aprendices de César Brañas. Más conocidos, más impactantes y paradigmáticos son los Diarios de Alejandra Pizarnik, una selección póstuma de los treinta documentos (libretas, cuadernos, hojas grapadas) conservados en la Universidad de Princeton; La letra e. Fragmentos de un diario de Augusto Monterroso; o Diarios tempranos. Donoso in progress de José Donoso, parte de los 64 tomos que se conservan en la Universidad de Iowa y de Princeton, y que reúnen 45 años de escritura diarista. En este corpus hay que citar dos ejemplos mayores que convierten al diario en la culminación de una obra: La tentación del fracaso de Julio Ramón Ribeyro y Los diarios de Emilio Renzi de Ricardo Piglia.
Nuestra jornada de estudios pretende interrogar un corpus español y latinoamericano, centrándonos en los siglos XX y XXI. ¿Cuáles son las modalidades de la construcción de la figura de autor? ¿El diario es el laboratorio de una obra paralela, o es la gran obra imprescindible, la obra culminante, “el desenlace de una metaficción que engloba toda una trayectoria” (Premat, 2019, 1)? ¿Cuáles son las tensiones entre literatura y política que se evidencian en estos textos? ¿Y entre lo íntimo y lo público, entre la escritura para sí y la escritura para los otros, entre la voluntad del escritor y la posteridad? ¿En qué sentido los diarios obligan a pensar de nuevo las nociones de lo privado, lo nacional, así como del compromiso? ¿Qué lugar ocupa el diario, con sus estrategias y modos narrativos, en las escrituras numéricas dominadas por la emergencia del yo? Estos son algunos ejes que trataremos.
 
Las propuestas de comunicación (intervenciones de 30 minutos, en español o en francés) deberán enviarse a Camilo Bogoya () antes del 1ro de septiembre de 2023. Deberán incluir una ficha biográfica y un resumen de 200 palabras aproximadamente.
 
Sources critiques
Alberca, Manuel, La escritura invisible. Testimonios sobre el diario íntimo, Sendoa, 2000.
Blanchot, Maurice, « Le journal intime et le récit », Le livre à venir, Paris, Gallimard, 1959, pp. 224-230.
Caballé, Anna, Pasé la mañana escribiendo. Poéticas del diarismo español, Sevilla, Fundación José Manuel Lara, 2015.
Cedena Gallardo, Eusebio, El diario y su aplicación en los escritores del exilio español de posguerra. Madrid, Fundación Universitaria Española, 2004.
Corrado, Danielle, Le journal intime en Espagne, Aix-en-Provence, Université de Provence, 2000.
Giordano, Alberto, La contraseña de los solitaries: diarios de escritores, Rosario, Beatriz Viterbo, 2011.
Donoso, Pilar, Correr el tupido velo, Santiago, Alfaguara, 2009.
Foucault, Michel, Histoire de la sexualité 3. Le souci de soi, Paris, Gallimard, 1984.
Girard, Alain, Le journal intime, Paris, PUF, 1986.
Gusdorf, Georges, Lignes de vie 1. Les écritures du moi, Paris, O. Jacob, 1990.
Heyden-Rynsch, Verena von der, Écrire la vie. Trois siècles de journaux intimes féminins, Paris, Galimard, 1998.
Lejeune, Philippe, Bogaert Catherine, Le journal intime. Histoire et anthologie, Paris, Textuel, 2006.
Lejeune, Philippe, Bibliographie des études en langue française sur la littérature personnelle et les récits de vie, Cahiers de sémiotique textuelle, 1982-2003.
Luque Amo, Álvaro, El diario literario: poética e historia, Berlín, Peter Lang, 2020.
Montiel Rayo, Francisca (ed.), Las escrituras del yo. Diarios, autobiografías, memorias y epistolarios del exilio republicano de 1939, Sevilla, Renacimiento (Biblioteca del exilio), 2018.
Premat, Julio, “Piglia/Renzi, postrero desliz”, Ricardo Piglia: cierta idea de literatura, Cuadernos Lirico, [En línea], Hors-série | 2019. URL: http://journals.openedition.org/lirico/7907; DOI : 10.4000/lirico.7907
Rodríguez Suárez, Luisa Paz y Pérez Chico, David (eds), El diario como forma de escritura y pensamiento en el mundo contemporáneo, Zaragoza, Institución Fernando el Católico, 2011.
Simonet-Tenant, Françoise, Le journal intime. Genre littéraire et écriture ordinaire, Paris, Téraèdre, 2004.
Lieu Arras
Contact 
Format hybride

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