Appels à communication

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Journées des doctorant.e.s du LER (Univ. Paris 8): Les couleurs de la Romanité Télécharger au format iCal
 

APPEL À COMMUNICATIONS

pour la Journée des doctorant·e·s du Laboratoire d’études romanes (LER)

de l’Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis,

le vendredi 20 octobre 2023

Les couleurs de la Romanité

Si l’on en croit l’historien Michel Pastoureau, la couleur n’est pas seulement un phénomène naturel (elle ne saurait se réduire à un prisme de couleur, à une décomposition de la lumière blanche en six rayons colorés), elle est aussi une construction culturelle complexe et est, avant tout, un fait de société. Réfléchir à la couleur c’est donc réfléchir aux goûts, aux croyances, aux perceptions des êtres humains à différentes époques, en différents lieux, c’est tenter d’appréhender l’évolution des idées, des sociétés, des relations humaines ou encore des codes et des symboles, c’est se situer à la croisée de plusieurs disciplines des sciences humaines.

Autant de champs de réflexion qui se retrouvent naturellement dans les mondes de la roma- nité. Comme partout, les couleurs s’y déclinent et forment des systèmes de représentations symbo- liques comme, par exemple, le noir, le rouge et le blanc, souvent associés, notamment dans les con- tes de l’Espagnol Don Juan Manuel dans son recueil El Conde Lucanor (1335) ou du Français Jean de la Fontaine dans ses Fables (1668) mettant en scène des animaux qui les portent tel le corbeau, le renard qui se disputent un morceau de fromage. Une couleur, en effet, nous rappelle Pastoureau « ne “ vient ” jamais seule. Elle ne prend son sens, elle ne “ fonctionne ” pleinement que pour autant qu’elle est associée ou opposée à une ou plusieurs autres couleurs »2. Dès lors, la couleur, dans sa dimension symbolique, peut aussi acquérir la capacité de structurer des formes de pensée politique3 et des sociétés données à partir d’attributs qui lui sont associés.

Tel est le cas, par exemple, quant à la question de la couleur de la peau, avec la blanchité, un terme aux significations multiples renvoyant notamment aux mécanismes de la domination coloniale.

Il sert, dans ce contexte-ci, à catégoriser l’autre en reprenant à son compte la couleur de la neige, de la pureté et de la lumière pour distinguer le sain d’esprit du fou, le riche du pauvre, le maître de l’es- clave, la propreté de la saleté. Il nous invite, à l’instar de María Teresa Garzón Martínez4, à considé- rer le blanc comme une couleur n’en reproduisant aucune autre et qui serait, avant tout, une manière de se comporter, reposant sur une conduite morale vertueuse à travers laquelle se fonderait le sujet homogène. Il permet, enfin, de réfléchir aux impacts dans les représentations des corps et sociétés non-blanches, biopolitisées, à partir de concepts tels que la colonialidad de género (María Lugones)5 ou blanchité obligatoire (Hourya Bentouhami)6.

Par ailleurs, l’intérêt de questionner les couleurs de la Romanité réside, également, en ce que cette aire culturelle s’étend au-delà du monde européen. C'est le cas dans les Amériques7, où elle s’est implantée et a associé, depuis la « découverte » du continent, une sensibilité occidentale à une cos- movision héritée des civilisations précolombiennes et africaines percevant souvent différemment les couleurs, à travers, notamment, la place accordée à la faune et la flore dans les systèmes de croyance. Cette sensibilité se retrouve, par exemple, sous la plume de l’écrivain péruvien José María Arguedas lorsque, dans son œuvre Los ríos profundos (1958), il évoque la cendre pour désigner la couleur de peau de personnages afro-péruviens ou tente de retranscrire une réalité syncrétique. Une thématique connexe de questions touchant à la fois à l’anthropologie, l’ethnologie mais aussi à la linguistique8. La perception des couleurs, leur pouvoir évocateur, symbolique, les enjeux de leurs usages devant également être pris en compte.

De façon générale, se pencher sur les couleurs de la Romanité, c’est comprendre également, comme nous le rappelle Pastoureau, que les conditions d’éclairage d’aujourd’hui ne sont pas celles d’époques passées et que, par exemple, les voûtes de la Chapelle Sixtine peintes par Michel-Ange ne peuvent être perçues de la même façon lorsqu’elles sont illuminés à l’électricité ou par une bou- gie ou une lampe à huile. C’est aussi prendre en compte l’altération inévitable que le temps fait subir à toute couleur mais aussi tenir compte des nouvelles technologies numériques, désormais à la portée de tout·e·s, et permettant d’ajouter, de retirer des couleurs, et de modifier le spectre chromati- que d’une image; car réflechir aux couleurs, c’est aussi interroger notre rapport aux images.

C’est dans ce cadre que les représentant·e·s des doctorant·e·s du LER proposent donc, pour l’année 2023, une journée d’étude et de mise en commun touchant à de nombreuses aires géographiques, de nombreuses époques ainsi qu’à de nombreux domaines et axes de recherche interconnectés que les participants pourront convoquer sans nécessairement séparer, tant réfléchir à la couleur s’inscrit dans une démarche transdisciplinaire.

La proposition de communication portera un titre, présentera un résumé de communication de 1500 caractères maximum, ainsi qu’une bibliographie indicative de 3 à 8 références des princi- pales sources utilisées. De plus, elle devra mentionner les coordonnées de la personne candidate (prénom, nom, adresse électronique, la discipline dans laquelle elle est inscrite, son université, ainsi que sa directrice ou son directeur de thèse), et une courte bio-bibliographie (10 lignes maximum). Le LER est ouvert aux candidatures de doctorant·e·s d’autres départements, mais aussi d’autres uni- versités. Nous vous rappelons que la durée de la communication est fixée à 20 minutes.

La langue des discussions étant le français, la communication devra de préférence se faire dans celle-ci, des exceptions peuvent être envisagées, après concertation avec le comité d’organi- sation. Les propositions sont à envoyer avant le 15 septembre 2023 par mail, en français, à l’adresse , à laquelle l’on peut s’adresser pour toute information complémentaire.

Lieu Université Paris 8
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