La fiction et ses variantes: micro-fiction et bio-fiction en Amérique Latine |
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Présentation de la Journée d’études des doctorants CRLA-Archivos Mercredi 02 mars 2016 La fiction et ses variantes: micro-fiction et bio-fiction en Amérique Latine
Imitation par le langage, le texte fictionnel dévoile dans sa composition même son intention mimétique, c’est-à-dire, son effort de particulariser ou individualiser le monde représenté afin de lui donner l’apparence du réel dans l’espace littéraire. Sans aucun engagement avec le vrai ou le faux, la fiction projette des moments transfigurés de la réalité empirique, ce qui la rend représentative au delà d’elle-même et, surtout, au-delà de la réalité empirique, d’après le critique brésilien Antonio Cândido. Les différents genres de la fiction entretiennent des rapports au réel en énonçant chacun ses propres critères selon l’espace et le temps de la société à laquelle ils appartiennent. Partageant le statut ontologique de la fiction, la bio-fiction et la micro-fiction semblent occuper une partie non négligeable de l’écriture moderne et en particulier en Amérique Latine, espace d’échanges, d’interaction de cultures et de traditions, mais aussi de contrastes, de différences et de mondialisation. Dans des sociétés fragmentées en une mosaïque à la fois multiculturelle et transitoire, le sujet se sent capable de rompre avec les sujétions, appartenances, héritages ou traditions fidèles à une communauté ou collectivité et, plutôt que de se fixer dans une origine fixe, affiche un désir à la fois de se déterritorialiser et de se démarquer du collectif afin de se replier sur soi. Ainsi, l’étude de la construction d’un discours identitaire s’avère clé pour la définition de la spécificité des genres non-canoniques tels que la bio-fiction et la micro-fiction en Amérique latine. La bio-fiction est au cœur de ce mouvement du « nous » vers le « soi » propre à ces sociétés fragmentaires. La mise en place du sujet est ce qui caractérise ce mode d’écriture dans lequel les diverses possibilités de l’identité en état de construction sont explorées : individuelle, collective, imaginaire, imagée…Les interrogations identitaires ou les réflexions intérieures du sujet le singularisent en tant que personnage et, par conséquent, approfondissent la dimension imaginaire de la fiction, dévoilant encore plus son intention mimétique. En outre, le récit fictif de la vie du personnage imaginaire ou de la vie imaginaire du personnage le situe à la frontière entre biographie et fiction et porte une complicité plus intense avec la réalité empirique extérieure à l’œuvre ; les références directes ou indirectes à des faits du réel sont présentes, mais transfigurées par l’énergie de l’imagination et du langage poétique de la fiction. C’est donc cet espace interstitiel qui rend compte de transformer ou donner une expression plus « vraie », plus définitive et plus absolue à la narration biographique. Traduisant des nouvelles formes d’explorer l’espace de l’écriture cybernétique, la micro-fiction rend possible la réécriture des distances culturelles, spatiales et temporelles d’une génération nomade qui se refuse de s’établir et d’appartenir à une racine identitaire figée. En tant que narrative expérimentale et fragmentaire, la micro-fiction transgresse les stratégies légitimées par l’écriture moderne et s’avère propice à l’épanouissement du sujet éphémère souhaitant rompre avec des codes et franchir des espaces consolidés. Si l’intemporalité s’avère une pièce clé dans ce type de récits, la capture de l’instantané, du fugace, fait également partie de l’effet esthétique provoqué chez le lecteur qui perçoit le texte non pas comme un extrait, mais comme un tout autosuffisant. Par ailleurs, la micro-fiction propose à partir de sa brièveté, une complicité entre le lecteur et l’écrivain qui va au-delà du patrimoine culturel partagé et s’étend jusqu’à l’aspect ontologique de la fiction. Ainsi, les micro-fictions puisent leur efficacité dans l’intemporalité de ce qui est narré : « elles prétendent avoir été créées depuis l’éternité du rêve »[1]. Nous concevons la brièveté temporelle et spatiale ainsi que l’individualisation et la discontinuité du sujet moderne comme des caractéristiques formelles de la micro-fiction et de la bio-fiction, respectivement. Ces propriétés majeures se voient renforcées par des aspects thématiques ponctuels comme la métafiction et l’intertextualité qui enrichissent les lectures possibles tout en exploitant/explorant le concept du palimpseste. De ce fait, les croisements entre le réel et la fiction, le cinéma, la photographie, la littérature, mais également la logique cybernétique, hybrident ces deux genres et les dispersent, en faisant de ces disséminations l’une de ses principales caractéristiques.
Nous proposons les axes de réflexion suivants :
Calendrier des activités : · Matinée : Table ronde. Nous débattrons des problématiques liées aux nouveaux genres de la fiction à partir de l’analyse de textes littéraires. Le matériel de lecture sera fourni avec anticipation aux étudiants et aux chercheurs voulant participer. La modalité de la table ronde a pour but d’initier les étudiants à la méthodologie de la recherche littéraire dans un exercice collectif. · Après-midi : Atelier de lecture critique et d’écriture créative.
Modalités de participation à la Journée d’ Etude : Les personnes intéressées pourront répondre à cet appel à communications selon deux modalités non exclusives : · Participation à la table ronde : Les participants devront nous faire parvenir le titre ainsi que le résumé de leur proposition de communication en espagnol, portugais ou français (500 mots maximum) à l’adresse électronique suivante : Celle-ci ne devra pas excéder 20 minutes. Il sera également possible d’envoyer son hypothèse de recherche et le texte étudié, une semaine avant la Journée des Doctorants. (L’objectif de cette modalité est de promouvoir le débat entre exposants et auditeurs.) · Envoi des articles : Nous vous joignons les normes de présentation. Les articles retenus par le comité de lecture feront partie d’un dossier dédié à la micro-fiction et à la bio-fiction qui paraîtra dans la version digitalisée de la revue Escritural (CRLA-Archivos).
Dates importantes : · Résumé et titre de la communication : 15 février 2016. · Acceptation de la proposition : 24 février 2016. · Envoi des articles pour la publication : 30 mai 2016.
Comité organisateur : Daniele Fernanda Eckstein (CRLA-Archivos, Université de Poitiers) Elodie Carrera (CECILLE, Université de Lille) Maité Abadie (Benemérita Universidad Autónoma de Puebla/ CRLA-Archivos, Université de Poitiers) Mirella do Carmo Botaro (CRLA-Archivos, Université de Poitiers) Sarah Porcheron (CRLA-Archivos, Université de Poitiers) Sérgio Levemfous (CRLA-Archivos, Université de Poitiers) Veronica Bernabei (CRLA-Archivos, Université de Poitiers)
Comité scientifique : Dr. Cécile Quintana (Prof. CRLA-Archivos, Université de Poitiers) Dr. Michel Riaudel (Prof. CRLA-Archivos, Université de Poitiers) Dr. Sylvie Josserand-Colla (CNRS/CRLA-Archivos, Université de Poitiers)
Site du CRLA/Archivos : http://www.mshs.univ-poitiers.fr/crla/spip.php?article11 [1] Rodolfo Fogwill, «Los cuentos breves y extraordinarios de Ana María Shua: cincuenta visiones del prostíbulo.» Clarín, 20/05/ 1993.
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Lieu Université de Poitiers/CRLA Archivos | ||||||
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