APPEL À ARTICLES – 2023
Dictatorships & Democracies. Journal of History and Culture
ISSN: 2564-8829
L’impact global de la décolonisation: « tiers-monde », « libération nationale » et solidarité transnationale en Europe
Pau Casanellas (Universitat Autònoma de Barcelona)
Michel Martínez (Université Toulouse 1 Capitole)
(eds.)
Nous pouvons fixer le point de départ des résistances contre la colonisation au même moment où les métropoles lancent des campagnes nommées de « pacification ». Toutefois, ce n’est qu’après la Seconde guerre mondiale que la décolonisation se propage et généralise. La vague d’indépendances amorcée à partir de 1945, mais surtout, entre la fin des années 1950 et la décennie suivante, a un impact politique de premier ordre. Son influence touche, en premier lieu, les territoires du « tiers-monde », appellation que l’on doit à Alfred Sauvy, en 1952. En plus des demandes de souveraineté de ces peuples, il faut compter, dès le début de la Guerre froide, sur une ferme volonté de neutralité et de rejet d’une quelconque forme de soumission à l’une des superpuissances ; cette aspiration est portée, entre autre, par la Conférence de Bandung (1955). Dans le même temps, parallèlement au processus de décolonisation, les luttes révolutionnaires se propagent, influencent les unes les autres et, parfois même se coordonnent, comme c’est le cas, nettement, à partir de la Conférence tricontinentale de La Havane (1966).
Tous ces événements ont aussi un impact fondamental en Europe, territoire depuis lequel l’effort colonial a été dirigé. La montée des luttes pour la décolonisation suscite d’importantes résistances sur le vieux continent –souvent traduites par des réactions gouvernementales agressives–, mais aussi de puissants mouvements de solidarité. Le tiers-mondisme devient une référence pour de nombreux mouvements et organisations politiques européens qui voient dans certains auteurs (Frantz Fanon ou Albert Memmi entre autres) et dans certains combats du Tiers-monde (notamment la Guerre d’Algérie, puis celle du Vietnam) un modèle dans lequel se projeter. C’est le cas pour de nombreux mouvements de « libération nationale » de peuples sans État mais aussi, plus généralement, auprès de mouvements révolutionnaires qui apparaissent pendant le cycle de mobilisations, pertinemment nommé « Années 1968 » par l’historiographie française. Les influences mutuelles et les solidarités transnationales forgées sont un phénomène qui va traverser toute la période.
Dictatorships & Democracies. Journal of History and Culture consacre son numéro 11 (2023) à l’étude de ces thématiques sous le titre L’impact global de la décolonisation: « tiers-monde », « libération nationale » et solidarité transnationale en Europe. Le numéro prétend réunir des contributions autour de l’influence du « tiers-monde » sur les nationalismes sous-étatiques et/ou les mouvements révolutionnaires qui surgissent en Europe dans les années 1960 et 1970. Le propos du dossier est d’encourager et de mettre en lumière des liens croisés –pas uniquement unidirectionnels– entre les réalités du « tiers-monde » et les mouvements politiques européens ; il s’agit aussi de mettre en relief les continuités entre les vagues de décolonisation d’après 1945 et le cycle des mobilisations associées à 1968. Les auteur.e.s intéressé.e.s par notre dossier, et souhaitant y contribuer, devront envoyer un résumé d’environ 300 mots ainsi qu’une brève biobibliographie à l’un des éditeurs du numéro ( ou ) avant le 15novembre 2022. Les articles, rédigés en catalan, espagnol, français, anglais, italien ou portugais, devront nous parvenir avant le 28 février 2023.
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