Définition(s), perceptions et représentations de la catastrophe en Italie et en Europe au Moyen Âge et à l’époque moderne (XIVe-XVIe siècles). Appel à contribution pour la revue en ligne Cahiers d’études italiennes |
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Définition(s), perceptions et représentations de la catastrophe en Italie et en Europe au Moyen Âge et à l’époque moderne (XIVe-XVIe siècles). Épidémies et phénomènes météorologiques extrêmes (en lien avec le réchauffement climatique) sont deux thèmes qui se sont imposés ces dernières années dans l’actualité et qui ont pris, ou plutôt repris, la place de premier plan qu’ils avaient dans l’« imaginaire mondial » des siècles passés (Brenton Hobart, La Peste à la Renaissance. L’imaginaire d’un fléau dans la littérature au XVIe siècle, Paris, Classiques Garnier, 2020, p. 820). L’actualité particulière de ces thèmes a encore nourri, tout récemment, diverses enquêtes sur ces fléaux – en témoignent les trois journées d’étude dirigées par Patrick Boucheron et Étienne Anheim sur la Peste noire qui a sévi en Europe de 1347 à 1352 –, sur la façon dont nos aïeux ont fait face, ainsi que sur les conséquences sociales et économiques de ces fléaux – c’est le cas de la journée d’étude qui a été conduite le 10 mai 2022 par Cédric Quertier et Laurent Feller sur « Les économies méditerranéennes après la Peste Noire ». Un des aspects novateurs de ces enquêtes est l’intérêt porté à l’articulation entre le temps de la calamité et l’après – le retour à une temporalité considérée comme ordinaire, bien que durablement marquée par l’extraordinaire qui est advenu. Jusqu’à la fin du XVe siècle, les phénomènes naturels aux conséquences désastreuses faisaient partie de ce que les contemporains appelaient simplement des « signes ». C’est toutefois en 1457, en Italie, que le tremblement de terre par exemple devient pour la première fois un objet de réflexion scientifique. Dans son De terraemotu (1457), Giannozzo Manetti centre davantage sa réflexion sur les effets que sur les causes, le bilan de la calamité devenant un élément essentiel de la transformation d’un simple fait en événement catastrophique. Mais il faut véritablement attendre le XVIe siècle pour que se dessine l’idée de « désastre » pour décrire ces phénomènes, comme l’a récemment mis en évidence l’étude de Thomas Labbé (Les catastrophes naturelles au Moyen Âge, XIIe-XVe siècle, Paris, CNRS Éditions, 2017). Ce n’est d’ailleurs qu’en 1552 qu’apparaît le terme « catastrophe » sous la plume de Rabelais, au sens théâtral de dénouement d’une intrigue, directement hérité du latin 1 catastropha, « coup de théâtre » lui-même emprunté au grec katastrophê qui désignait le « bouleversement » et le « dénouement ». Le sens de ce mot a glissé ensuite progressivement vers la notion de malheur et de fin tragique d’un destin. On passe alors « du seul domaine littéraire au langage sociopolitique » et la « catastrophe » se trouve « définitivement associée à un type d’événements aux conséquences négatives pour celui à qui elle s’applique » (Labbé, p. 18). En l’absence du mot catastropha dans le latin médiéval, comment la société désignait- elle des phénomènes extrêmes ? De quelle façon les expliquait-elle ? Quel sens leur donnait- elle ? Comment faisait-elle le départ entre le normal et l’anormal, l’habituel et l’inhabituel ? Les émotions et les affects ressentis au moment des phénomènes naturels extrêmes ont-ils varié à partir du moment où ils ont été nommés « catastrophe » ? Quels événements obtenaient le statut de catastrophe et pourquoi ? Les représentations de la catastrophe varient-elles en fonction du territoire géographique ? Dans quelle mesure ces représentations se sont-elles appuyées sur la tradition, rétablissant ainsi une forme de continuité qui contraste fortement avec la discontinuité ? Ces représentations prennent-elles en compte l’après, le retour à l’ordinaire ? Les conséquences politiques et militaires (changements institutionnels et guerres par exemple), socio-économiques (les famines, l’évolution des rapports de force professionnels, la figure du bouc émissaire), spirituelles (les peurs et les réponses religieuses) de ces fléaux sont-elles représentées, et si oui, comment ? Le lien avec la catastrophe proprement dite est-il maintenu, et fait-il l’objet d’une forme d’analyse ? Quelle forme institutionnelle prend la reconstruction ? Les effets psychologiques sur la population sont-ils mesurés et définis ? Peut-on déceler des différences de perception et d’interprétation face aux épidémies d’une part et aux phénomènes météorologiques d’autre part ? De quelle nature sont les éventuels liens entre les calamités naturelles et les désastres causés par l’homme, les guerres par exemple ? Le numéro des Cahiers d’études italiennes qui sera publié en septembre 2023 tentera de répondre à ces questions dans une perspective qui se veut transdisciplinaire et comparatiste. Les contributions pourront donc relever de l’histoire et de l’histoire de l’art ainsi que de l’analyse linguistique et littéraire. Les propositions (500 mots maximum), en français ou en anglais, sont à envoyer, accompagnées d’une courte notice biobibliographique, avant le 28 octobre 2022 aux trois adresses suivantes : Calendrier : Date de réponse : 10 novembre 2022. Bibliographie indicative BERLIOZ Jacques, Castastrophes naturelles et calamités au Moyen Age, Firenze, Sismel Edizioni del Galluzzo, 1998. |
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Lieu Appel à contribution pour la revue en ligne Cahiers d’études italiennes https://journals.openedition.org/cei/ | ||||||
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