Dans le sillage du programme triennal « Chants des suds », qui a conduit à la tenue d’un colloque international intitulé Chanter la lutte (18-20 mars 2015), le groupe de recherche en civilisation contemporaine des suds du laboratoire LLACS (Université Paul Valéry Montpellier http://www.univ-montp3.fr/llacs/) souhaite se pencher sur les dynamiques et les pratiques collectives. Il propose de s’interroger sur les regroupements, associations, coopératives, communautés, comités, etc., qui fonctionnent de façon autonome et informelle, sans rapports hiérarchiques ni relations autoritaires, dans la poursuite d’un but commun que ces regroupements se sont eux-mêmes fixé en suivant des valeurs d’entraide et de solidarité. Qu’ils naissent spontanément, en réponse ou en réaction à des modèles de société – politiques publiques, crises, abus d’autorité, projets destructeurs pour l’environnement… – imposés d’en haut, ces groupes se créent d’en bas, de manière horizontale, pour résister, proposer d’autres modèles, favoriser l’émancipation culturelle et sociale.
Le colloque a pour but de comprendre comment fonctionnent ces groupes non institutionnels, de s’interroger sur les apports de la pratique collective et sur les modalités permettant à chacun-e de participer sur un plan égalitaire. De même, on se demandera comment l’autoréflexion fait évoluer ces pratiques collectives et dans quelle mesure les méthodes utilisées changent la pratique même. Quels sont les mécanismes et les circonstances qui conduisent à l’institutionnalisation de ces groupes et de ces activités lorsque, par exemple, des collectifs informels se transforment en organisation conventionnelle, se dotent de règles et de principes hiérarchiques ? Quelles sont les raisons qui font qu’un leadership émerge au sein du groupe et jusqu’où peut aller l’autorité d’un meneur sans que la pratique cesse d’être collective ?
Pour toutes ces questions, on pourra adopter une perspective transnationale et la dimension comparatiste sera privilégiée. Une approche historique pourra être envisagée (XIXe-XXIe siècles) afin d’étudier la façon dont l’idée du collectif évolue dans le temps. Il s’agira, notamment, de se pencher sur les traces de cette pratique, de l’élaboration du projet collectif et sur la conservation de sa mémoire. Émile Durkheim insistait déjà, au début du siècle dernier, sur l’importance du sentiment collectif comme ciment de l’appartenance sociale, permettant à l’individu de trouver sa place dans le groupe. Qu’il s’agisse de réunions de voisinage, de fêtes populaires, de célébrations ou encore de cafés littéraires/artistiques, on cherchera à comprendre comment le groupe, par le biais de ces pratiques collectives, tend à « réanimer périodiquement le sentiment qu’il a de lui-même et de son unité » (Durkheim, 1912). On s’intéressera aux initiatives politiques et économiques issues des Nouveaux Mouvements sociaux (NMS) de l’après 1968 à aujourd’hui ainsi qu’aux alternatives sociales et sociétales en général : expériences pédagogiques innovantes, communautés de vie, autres modèles d’organisation familiale, etc.
Les domaines artistique et littéraire (littératures écrites et dessinées, arts de la scène, arts plastiques et visuels…) sont également concernés, aussi bien dans leurs aspects traditionnels que dans leur rapport aux nouvelles technologies. En effet, l’expansion et la diffusion de l’Internet ont eu un impact certain sur les pratiques collaboratives, grâce notamment à la simplification et à l’accélération des échanges, le web 2.0 redéfinissant les modalités de diffusion et de création. Comment ces pratiques remettent-elles en question les notions d’auteur et de propriété intellectuelle ? Quelles évolutions induisent-elles en termes esthétiques ? Quels groupes se créent comme alternative aux systèmes de diffusion dominants (marché éditorial, marché de l’art, production cinématographique et de spectacles vivants) et dans quel(s) but(s) ? La réflexion pourra être élargie aux domaines de la recherche universitaire, de la traduction et du journalisme, entre autres.
Le colloque est organisé en collaboration avec le CEDRATS (Centre de Documentation et de Recherche sur les Alternatives Sociales) de Lyon et peut déjà compter sur la présence d’un membre du collectif d’auteurs italiens Wu Ming.
Les propositions seront transmises à l’adresse suivante : avant le 10 septembre 2015, en joignant un fichier (.doc, .docx, .rtf, .odt) dans lequel seront précisés :
- le nom de l’auteur et, éventuellement, son établissement de rattachement
- le titre de la communication proposée
- un résumé en 300 mots maximum
- 5 mots-clefs
- une fiche biographique en 150 mots maximum
Les propositions sélectionnées recevront une réponse avant le 10 octobre 2015.
Les interventions, d’une durée maximale de 25 min. seront présentées en français mais des propositions en d’autres langues pourront être étudiées au cas par cas.
Il sera demandé aux participants de s’acquitter d’un droit d’inscription de 30 euros