Méditerranée inter/transculturelle : l’Autre, le lieu autre, la langue autre (XXVI Colloque AFUE1)
Université des îles Baléares
Palma de Majorque - 3, 4 et 5 mai 2017
Si étymologiquement la Mer Méditerranée est celle qui est « au milieu des terres » elle est aussi, et surtout, cet « espace matriciel », cette « machine à faire de la civilisation » dont parlait Paul Valéry. Ou encore, d’après la belle formule de Fernand Braudel, cet « espace-mouvement » où les rencontres et les échanges se succèdent depuis des siècles. Cette vaste étendue d’eau met effectivement en contact un nombre infini d’îles, quelques mers intérieures, trois péninsules, trois continents, trois religions, multitude de langues qui sont autant de façons de comprendre le monde et de le dire.
Berceau également des grandes civilisations anciennes, la relative proximité de toutes ces terres semble faire de la Méditerranée un espace conçu depuis toujours pour la mixité socio-culturelle. Il s’agit d’un espace paradoxal : s’il est lieu de rencontre, peut également être conçu comme un lieu de fracture et de division. C’est ainsi que cet univers complexe a été souvent associé à la notion d’interculturalité, l’interculturel étant défini par le Conseil d’Europe comme « un échange de vues, ouvert, respectueux et basé sur la compréhension mutuelle, entre des individus et des groupes qui ont des origines et un patrimoine ethnique, culturel, religieux et linguistique différents ». Méditerranée interculturelle ? Méditerranée transculturelle ? Beaucoup de questions se posent. Si grosso modo l’enjeu de l’interculturel est d’enrichir deux (ou plusieurs) cultures qui partagent un territoire, la trans-culturalité désigne des faits culturels nouveaux qui naissent du syncrétisme, de la fusion et non pas du contact entre ces diverses cultures. Quoi qu’il en soit, voyager implique et franchir des frontières et aller (même à son insu) à la rencontre de l’Autre. C’est ainsi que le récit de voyage serait d’emblée le genre qui permettrait une approche la plus complète de l’étrangéité. Si voyager implique le franchissement des frontières, une fois les frontières franchies le voyageur-écrivain, ou écrivain-voyageur, vise à opposer l’ici à l’ailleurs et fait de la rencontre avec l'autre l'un des moments privilégiés du récit. Nous serions dans le domaine de l’imagologie littéraire, comprise comme l'une des formes les plus concrètes d'enquête de l'altérité (A. Gnisci). Or l'analyse imagologique doit être complétée par des disciplines connexes telles que l'étude des identités nationales et de la littérature de l'émigration et / ou l'exil, qui ont marqué la littérature du XXe siècle. N’oublions pas que la Méditerranée occidentale a été elle-même marquée par la décolonisation de l'Afrique du Nord et l'intensification des mouvements migratoires qui se sont encore multipliés à l’aube du XXIe siècle, touchant amplement la Méditerranée orientale. Des textes plus intimes, voire autobiographiques, placent le lecteur face à la réalité de l’étranger (ou du migrant). À cet égard il nous semble intéressante la figure de l'exilé linguistique, des auteurs qui, non sans conflit, utilisent la langue de l’Autre, du pays d’accueil. Sans oublier des voyages imaginaires qui approchent du lieu autre par le biais de l’ironie et de la farce, ou de l’audace, pour éviter la censure.
1 Asociación de francesistas de la universidad española
Le XXVI Colloque de l’AFUE propose d’analyser la représentation de l’Autre, du lieu autre et de la langue autre dans le contexte méditerranéen. À cette frontière géographique aucune période chronologique ne sera épargnée. Toutes les disciplines philologiques, linguistiques et interculturelles sont les bienvenues.
Voici quelques axes de réflexion que nous proposons sans que le champ d’étude soit limité :
- Le pèlerinage en Méditerranée et les premières représentations de l’Autre.
- Représentation de l’espace méditerranéen : la ville et ses faubourgs.
- La littérature de l’émigration ou de l’exil. La littérature coloniale.
- Clichés et stéréotypes (… ou comment dire le Moi en disant l’Autre).
- Une méditerraneité au féminin ? La voix des femmes.
- Autour du « mythe méditerranéen ».
- Langue maternelle versus langue d’adoption. L’exilé linguistique.
- La métamorphose de la langue dans la représentation de l’Autre et du lieu autre.
- L’implicite et la communication interculturelle.
- La traduction en tant qu’outil pour l’interculturel.
- L’interculturel et les problèmes linguistiques.
- La dimension interculturelle dans l’enseignement/apprentissage du Français Langue Étrangère.
- Pour le Français sur Objectifs Spécifiques (FOS) on privilégiera le Français du Tourisme, le tourisme étant une façon autre d’aborder l’étrangéité.
Comité scientifique : Philippe Antoine (U. de Clermont-Ferrand) ; Manuel Bruña Cuevas (U. de Séville) ; Fidel Corcuera Manso (U. de Zaragoza) ; Giovanni Dotoli (U. de Bari / U. Paris - Sorbonne) ; Alain Guyot (U. de Lorraine) ; Ignacio Iñarrea las Heras (U. La Rioja) ; Salah Mejri (U. Paris 13) ; Francisco Lafarga Maduell (U. de Barcelone) ; Encarnación Medina Arjona (U. de Jaén) ; Mary Jo Muratore (U. de Missouri-Columbia); Efstratia Oktapoda (U. Paris IV - Sorbonne) ; Angels Santa Bañeres (U. de Lleida) ; Ines Sfar (U. Paris IV- Sorbonne) ; Carlota Vicens Pujol (U. des îles Baléares).
Comité organisateur : Carlota Vicens Pujol, Cristina Solé Castells.
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Site web du Colloque : http://coloquioafueuib.uib.es
Contact avec le Comité organisateur et envoi des propositions de communication :
Dates à retenir :
- Envoi des propositions de communication : du 30 novembre au 15 janvier 2017.
- Notification de l’acceptation des propositions : jusqu’au 31 janvier 2017.
- Inscription et paiement (le cas échéant) en ligne : du 1er au 28 février 2017. Inscription gratuite pour les membres de l’AFUE inscrits avant le premier janvier 2017. Non membres avec communication : 75 euros. (Autres cas : voir site web).
Langues du Colloque : Français et espagnol.
Modalités de communication :
- Communication individuelle à un ou à plusieurs auteurs dans une des lignes thématiques du Colloque. Les communications ne doivent pas dépasser les 20 minutes.
- Panel ou table ronde composée de trois ou quatre communications.
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