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CATEGORIES:Appels à communication
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SUMMARY:Journées d'étude "Liberté d'expression et liberté de création dans l'isthme centraméricain (XIXe - XXIe siècles)
LOCATION:Angers / Tours
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Argumentaire
Placés au centre du continent américain tant du point de vue
géographique que culturel, les sept pays qui composent l’isthme centr
américain sont souvent perçus -ironiquement- comme étant à la périphérie de
s enjeux régionaux et, plus largement, mondiaux. Pourtant, historiquement e
t politiquement, l’Amérique centrale concentre sur un espace réduit l
a plupart des phénomènes en jeu dans l’espace américain (inégalités,
violence, corruption, multiculturalisme).
Dans ce contexte, les problématiques liées à la liberté d’expr
ession et de création occupent une place de premier rang dès la toute fin d
e la période coloniale (1820). À l’époque un débat politique s’
ouvre dans les colonnes de la presse périodique au sujet de la formation de
s États nationaux, au travers de débats qui configurent les clivages politi
ques successifs (indépendance de l’Espagne, annexion au Mexique, fédé
ralisme contre centralisme, libéralisme contre conservatisme, etc.). Au cou
rs du XXe siècle, l’Amérique centrale est profondément mar
quée par des dictatures et des guerres civiles qui mettent à mal la liberté
de la presse (exemple de la « disparition » de la journaliste Irma Flaquer
au Guatemala en 1980) en même temps qu’elles impactent la liberté d&
rsquo;expression, avec la publication en exil du Señor presidente
de Miguel Ángel Asturias, prix Nobel de littérature 1967.
La situation politique actuelle dans les pays d&rsqu
o;Amérique centrale pose par ailleurs de nombreuses questions en ce qui con
cerne ces mêmes libertés d’expression et de création. De fait, bien q
ue le Costa Rica soit régulièrement classé par Reporters Sans Frontières da
ns les dix pays respectant le plus la liberté d’information au monde,
le pays n’est pas à l’abri de la corruption et de l’impu
nité comme en témoigne l’assassinat de dix environnementalistes entre
1989 et 2014, ainsi que la mort du leader indigène Sergio Rojas, en mars 2
019, pour son engagement en faveur de la défense des terres indigènes. Or,
la situation du reste de la région est nettement plus préoccupante. On peut
ainsi penser à l’assassinat de l’activiste environnementaliste
et indigéniste Berta Cáceres au Honduras en 2016, ou encore à la répressio
n des mouvements étudiants et populaires au Nicaragua par le régime de Dani
el Ortega depuis 2018, qui a entraîné la fermeture temporaire de certains é
tablissements d’enseignement supérieur, notamment la très renommée Un
iversidad Centroamericana de Managua, laquelle a été le siège de plusieurs
événements tragiques depuis le printemps 2018. Dans ce même pays, les élect
ions sont marquées depuis plusieurs années par de nombreuses irrégularités,
qui font régulièrement l’objet de vives critiques de la part de la c
ommunauté internationale.
Dans ce c
ontexte, quelle place peut-on accorder à la liberté d’expression et
à la liberté de création ? Dans quelle mesure la corruption, l’impuni
té et la répression parviennent-elles à façonner l’opinion, en créan
t des mécanismes, directs ou indirects, de censure et d’autocensure ?
À l’inverse, quels espaces alternatifs de création et d’expres
sion peut-on voir émerger, à l’heure des nouvelles technologies et d
es réseaux sociaux, dans une société très fortement marquée par les inégali
tés ? Quelle place pour la presse ? Quelle place enfin pour la création art
istique, quand celle‐ci se voit parfois récupérée par les pouvoirs publics
à des fins de propagande, comme ce fut le cas, pour poursuivre avec l&rsquo
;exemple du Nicaragua, de la figure de Carlos Mejía Godoy, chanteur‐composi
teur mythique de la Révolution de 1979, qui a menacé récemment d’atta
quer en justice le couple présidentiel pour son utilisation politique de ce
rtaines de ses chansons ? Dans ces quelques exemples, on voit bien que la l
iberté d’expression et la liberté de création dépendent étroitement d
’un contexte socio‐politique spécifique, mais sont également très for
tement liées l’une à l’autre. Ces journées d’étude pourro
nt ainsi être l’occasion d’évaluer la relation particulière qu&
rsquo;entretiennent ces deux formes de liberté, la première étant considéré
e en droit comme une liberté fondamentale, tandis que les contours juridiqu
es de la seconde sont beaucoup plus flous.
Du point de vue de la création, et malgré sa position périphérique
sur le marché culturel mondial, l’Amérique centrale est traditionnell
ement une terre fertile, notamment sur le plan littéraire, comme en témoign
ent les cas de plusieurs écrivains reconnus au niveau international tels qu
e le Nicaraguayen Rubén Darío (connu comme le père du modernisme), le Guaté
maltèque Miguel Ángel Asturias (prix Lenin de la Paix, 1966 et prix Nobel d
e littérature, 1967), le Costaricien Carlos Luis Fallas (membre de la « Gen
eración del 40 » et du parti communiste, emprisonné pour avoir dirigé la gr
ève contre la United Fruit Company en 1934), le Salvadorien Horacio Castell
anos Moya (connu pour une œuvre littéraire centrée sur la mémoire his
torique de son pays, exilé deux fois, d’abord à cause de la guerre ci
vile 1979-1992, puis en 1997 à cause des menaces de mort après la publicat
ion de son roman
Le dégoût), le Hondurien Ramón Amaya Amador qui a
dû laisser son pays en 1944 en raison de persécutions politiques ou encore
l’écrivain Sergio Ramírez ou l'écrivaine féministe Gioconda Belli, p
our ne citer que quelques exemples. Sur le plan cinématographique, la régio
n commence à être également connue avec des œuvres laissant place aux
minorités comme
Ixcanul de Jayro Bustamante, réalisateur guatémal
tèque primé à la Berlinale avec l’Ours d’argent en 2015 ou plus
récemment avec les films
Nuestras madres et
La llorona,
de son compatriote César Díaz, qui a été récompensé à Cannes avec le prix C
améra d'or. La musique et les performances se font également entendre avec
des jeunes artistes engagé·e·s comme Rebeca Lane qui, après la disparition
de sa tante dans la guerre civile guatémaltèque, a milité pour la justice s
ociale et le devoir de mémoire en même temps qu’elle lutte pour l&rsq
uo;émancipation des femmes ainsi que contre les féminicides dans son pays.<
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Au-delà des considérations politiq
ues, qui réactivent dans certains contextes la figure de l’artiste en
gagé∙e, la question des libertés d’expression et de création se pose
également sur un plan plus prosaïque, celui de l’économie de marché.
Quelles libertés pour l’artiste dans des contextes où le maillage édi
torial, par exemple, est très lâche ? Quelle place peut-on accorder à l&rs
quo;inventivité dans un espace périphérique où les œuvres sont peu di
ffusées, peu primées et peu étudiées ? Dans quelle mesure ce contexte périp
hérique n’infléchit-il pas la création dans un sens qui serait dicté
par les attentes culturelles des espaces hégémoniques ? Comment se (re)dép
loie la créativité de l’artiste face à ces contraintes, non seulement
sur un plan purement artistique, mais aussi sur un plan plus structurel (o
n peut penser aux stratégies d’auto-financement, par exemple, ou aux
créations collectives qui remettent en question la conception du droit d&r
squo;auteur héritée des Lumières) ?
L’objectif de ce cycle de conférences sera donc d’interroger l
es notions de liberté de création et de liberté d’expression dans cet
espace périphérique qu’est l’Amérique centrale, à partir d&rsq
uo;une multitude d’objets d’étude, qu’ils soient littérai
res, iconiques, filmiques, historiques, sociaux ou politiques. Il s’a
gira notamment d’évaluer les éventuelles spécificités de ces notions
dans le contexte centraméricain, ainsi que l’impact de la situation g
éopolitique et culturelle de l’isthme sur les libertés d’expres
sion et de création.
Modalités de contribution
La date butoir pour envoyer votre résumé (
30
0 mots) ainsi que votre biographie (
200 mots max.
) est fixée au
15 janvier 2021. Merci de soumettre ces doc
uments directement sur le site du colloque :
https://libameriqcentr.sciencesconf.org/ Pour ce faire, il faut créer un compte dans
la rubrique « Conexión » avant de pouvoir remplir les différents champs du
formulaire de depôt et d'y transférer votre document. En cas de problème po
ur créer votre compte ou pour déposer votre proposition, veuillez utiliser
la rubrique « @ Contact » du site.
Vous serez informé·e de l’acceptation de votre soumission après la da
te butoir.
Informations pratiques
Comité d'organisation
Andrea CABEZAS VARGAS (Université d'Angers)
Sophie LARGE (Université de Tours)
Ra
phaël ROCHE (Université Jean Monnet - Saint Etienne)
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