Lettre de l'APPEP (Association des professeurs de philosophie de l'enseignement public)

Chers collègues,

Nous prenons la liberté de vous écrire au nom de l’Association des professeurs de philosophie de l’enseignement public, car il nous semble que la réforme en cours du baccalauréat et du lycée exige que nous échangions nos points de vue.

Il n’est pas difficile de se reconnaître dans les ambitions affichées par le ministre de l’Éducation nationale, qui souhaite «muscler le baccalauréat» et en relever le niveau. Pour autant, maintenant que, grâce aux différentes auditions de la mission Mathiot, nous en savons davantage sur la réforme en préparation, le dispositif qui se profile laisse assez circonspect.

Sans entrer ici dans le détail de nos analyses, nous vous renvoyons pour cela au compte rendu de notre audition par la mission Mathiot <http://www.appep.net/audition-de-lappep-par-la-mission-mathiot/> et à la contribution que nous lui avons adressée <http://www.appep.net/contribution-publique-a-la-reflexion-sur-la-philosophie-au-lycee-et-au-baccalaureat/> , nous pointons cinq risques:

que l’extension du contrôle continu nous expose davantage encore à diverses pressions, crée des diplômes locaux et renforce les inégalités; que l’évaluation pédagogique des élèves soit rendue impossible par son instrumentalisation continue pour l’orientation; que l’introduction d’enseignement de spécialités crée une concurrence entre nos disciplines; que les services, en Terminale au moins, soient annualisés; que l’absentéisme de fin d’année soit aggravé.

Cette réforme s’inscrit dans un contexte de réduction du nombre de postes aux concours, qui laisse augurer d’une réduction du nombre d’heures d’enseignement au Lycée. Les inégalités entre les lycées ainsi que celles entre les lycéens continueront de prospérer. Nos services en seront alourdis.

On voit mal dans ces conditions comment le baccalauréat pourrait être musclé et son niveau relevé.

Toutes nos disciplines sont concernées et, avec elles, l’idée que nous nous faisons des études secondaires.

Nous avons tous été reçus par la mission Mathiot. Celle-ci doit rendre son rapport en janvier, le ministre ses arbitrages peu après et une nouvelle phase de concertation s’engagera au printemps.

Afin de discuter de nos différentes positions, d’essayer de dégager des points d’accord et de signifier au ministère que nous refusons d’entrer dans le jeu de la concurrence entre les disciplines, nous vous proposons une rencontre à la fin du mois de janvier afin de pouvoir peser efficacement au moment de la concertation.

Merci de nous dire si vous êtes d’accord avec le principe de cette rencontre. Nous pourrons alors discuter d’une date.

Bien cordialement,
Nicolas Franck et Marie Perret,
président et vice-présidente de l’APPEP