« Le miracle est notre liberté ». Le Siècle d’or de Florence Delay |
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« Le miracle est notre liberté » Le Siècle d’or de Florence Delay Journée d’étude (LEM(H), CLEA, Maria Zerari org.) Samedi 19 octobre 2024 10h-18h Sorbonne, Salle des Actes (Le programme détaillé est disponible ici)
Hispaniste de formation, « littéralement agrégée à [l’Espagne] », Florence Delay a enseigné la littérature générale et comparée à l’Université de la Sorbonne Nouvelle. Membre de l’Académie française depuis le 14 décembre 2000 (au fauteuil de Jean Guitton, 10e fauteuil) et reçue le 15 novembre 2001 par Hector Bianciotti, elle est membre correspondant en France de la Real Academia Española depuis 2016. Hispanophile, et basque de cœur, son regard fut très tôt attiré par l’autre côté des Pyrénées et cette Espagne qu’elle devinait ou contemplait, enfant, depuis la « colline des Landes » (…). Tant et si bien que – magie du pays, magie de la lecture –, se sentant « la sœur des Pyrénées, à deux versants, à deux penchants », et en parallèle du domaine français (Larbaud, Giraudoux, Bernanos et autres), Florence Delay fait partie de ces quelques écrivains du XXe siècle qui ont fait de l’Espagne, de sa bibliothèque, de son musée, de ses arènes, leur pays de Cocagne. Un pays de foi et de (sin)razón, dont Florence Delay n’a cessé de parcourir les pages et les images, les songes et les visions. Une Espagne or et ciel qu’elle a su ingénieusement donner en partage comme l'écrivain de la « joie », de l’« exactitude » et de la « rapidité » qu’elle décida de devenir un jour. Sa ferveur pour Federico García Lorca (que René Char l’incita à traduire), Miguel Hernández (qu’étudiante elle… étudia), Ramón Gómez de la Serna (qu’elle traduisit), ou son admiration pour José Bergamín – maître ès toreo « qui impressionna [sa] vie » (et qu’elle traduisit également) – n’ont jamais exclu son goût pour une Espagne plus ancienne mais non moins nouvelle. Son amour du théâtre, précoce et jamais démenti – en tant que metteur en scène, critique ou auteur, l’aventure de longue haleine, la folie Graal Théâtre le suggère encore – s’est marié idéalement avec celui de ce répertoire espagnol dit « classique » en France. De telle sorte que, mariant à son tour la langue de Lucas Fernández, Fernando de Rojas, Calderón, puis de Lope de Vega, avec celle de Molière et de Racine, ou mieux, à la sienne propre, elle a aussi bien fait entendre des textes espagnols dans des traductions intégrales ou partielles, lestées de la force des originaux, que dans des essais empreints de la grâce de la fiction. Aussi de A à Z, pour ainsi dire, du Cervantès de Don Quichotte et des « entremets », de Sigismond à Zurbarán et à ses saintes, Florence Delay a-t-elle, en zizgag et non sans bifurcations, exploré l’Espagne des siècles passés jusqu’en Nouvelle-Espagne, jusqu’à Sor Juana. Amante des inflexions de la poésie et du son de la prose, cette romancière et essayiste l’est aussi de la brièveté qu’elle a appelé « séduction brève », de la « phrase célibataire », selon une autre de ses formules, de l’idée qui fuse en trait, jaillit comme l’éclair, frappe comme la foudre et transperce comme la flèche (ou file comme l’étoile ?). C’est ainsi que, même interdite, saisie par la « peur de penser » et arguant presque, avec Jules Renard, « Comme c’est vain une idée ! Sans la phrase, j’irais me coucher », elle n’en pense pas moins… et plus encore. Et ce, avec brio et discrétion, si l’on admet l’oxymore et les acceptions de l’éloquent substantif tout autant en français qu’en espagnol. C’est pourquoi, malgré « l’appréhension » (toujours mêlée d’audace, de panache et de bravoure intellectuelle), le estilo de idea, la « famille célibataire » (maximes, apophtegmes, greguerías, etc.), les phrases pensantes « qui vont toutes seules », les pointes d’esprit de Quevedo ou de Gracián, qui percent et laissent passer la lumière, ont aimanté sa plume et, à l’occasion, créé sa pensée de toutes pièces. Dans le cadre des recherches du LEM(H) et de l’axe « Le Siècle d’or vu par… », Maria Zerari a réuni un ensemble de chercheurs et d’auteurs qui mettront en lumière le Siècle d’or de Florence Delay : un Siècle qui, telles les fidélités et les désobéissances, les personnes des vies brèves et les personnages de la fábula presque infinie, s’avèrera, sans nul doute, à la fois singulier et pluriel dans ses miracles et dans sa liberté : L’or qui me fascine étant celui du théâtre, de la peinture, de la prose et de la poésie, mon Siècle d’or à moi anticipe celui des historiens. Il commence dans mon temps subjectif par le chef-d’œuvre d’un juif converti, Fernando de Rojas, qui dans son Livre appelé Célestine ouvre nos yeux sur ce qui régit et détruit le monde : l’appétit. Il s’achève après les Songes ou Visions d’un vieux chrétien, Francisco de Quevedo, qui voue aux gémonies la « Prospérité », démon redoutable, et dresse un constat d’échec à partir d’un concept ou d’un mot amer impressionnant, le desengaño (F. Delay, Mon Espagne. Or et Ciel, Paris, Hermann, 2008, p. 150-151).
Participant(e)s Artois, Florence d’ (Sorbonne Université) Blanco, Mercedes (Sorbonne Université) Chevalier Cueto, Clara (Doctorante, Sorbonne Université) Ferrón Martínez, Raquel (Doctorante, Sorbonne Université) Giraud, Paul-Henri (Université de Lille) Guerry, François-Xavier (Université Clermont Auvergne) Guilbert, Cécile (Écrivain) Haas, Mathilde (Doctorante à Sorbonne Université) Ranoux, Constant (Sorbonne Université) Zerari, Maria (Sorbonne Université) |
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Lieu Sorbonne, Salle des Actes | ||||||
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