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CATEGORIES:Appels à communication
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SUMMARY:Journée d'étude "Plurivocalité et polyphonies"
LOCATION:Université Jean Monnet\, Saint Etienne
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Journée d’Etude
« Plurivocalité et polyphonies : une v
oie vers la modernité ? »
Appel à communication
Calquée sur le grec « poluphônia » (multiplicité de voix ou de son
s), la notion de polyphonie s’applique en premier lieu au champ de la
musique vocale avant de devenir au XXème siècle, par métaphore, un outil d
’analyse littéraire (La poétique de Dostoïevski
[1]). En ce sens, elle est d’abord la réalisa
tion romanesque du concept épistémologique bakhtinien de dialogisme, mais,
dans l’analyse du discours, elle désigne plus généralement les moyens
d’expression propres à produire des formes et des genres littéraires
variés
[2]. Le terme, souvent
compris également comme simple « pluralité des voix narratives », se rappr
oche ainsi de la notion de plurivocalité, désignant un champ plus étroit de
la polyphonie textuelle, qui ne s’assimile pas pour autant à l&rsquo
;acception proposée par M. Bakhtine.
Il convient
donc de parler de polyphonies au pluriel, et de spécifier en littérature si
l’on a affaire à la fragmentation de l’instance énonciatrice r
omanesque en plusieurs relais narratifs, ou à la pluralité des voix au sens
large (au théâtre par exemple), ou encore à des fragments de discours hété
rogènes (lettres, récits enchâssés, allusions intertextuelles…). Les
applications phonologiques du concept sont même à envisager, dans la mesur
e où elles permettent de mettre en avant le rôle primordial de la polyphoni
e en poésie, lieu s’il en est de la conjonction de la voix qui fait e
ntendre le son et de la voix poématique qui produit l’énoncé. On pour
ra aussi réfléchir aux pratiques linguistiques impliquant le passage d&rsqu
o;une langue à l’autre, notamment entre langues régionales et langues
perçues comme dominantes. Le champ musicologique est aussi à considérer, t
ant il est vrai qu’une réflexion sur les polyphonies, comme mise en s
imultanéité d’entités sémantiques diverses, offre des perspectives pa
rticulièrement variées. D’autres domaines des arts interviendront éve
ntuellement dans cette réflexion, tant qu’ils s’articuleront au
tour du passage à la modernité et de sa définition.
Les moyens spécifiques mis en jeu pour représenter différents types de p
olyphonies entre le XVIème et le XVIIIème siècle pourront ainsi être étudié
s, dans le but de mieux comprendre le rapport entre ce concept et la modern
ité, avant sa réutilisation contemporaine. La plurivocalité et les polyphon
ies définissent-elles la modernité comme ce qui est récent (cf. « modo »),
en rupture avec ce qui la précède ? Sont-elles la marque du changement alor
s à l’œuvre dans la conception des choses, « du monde clos à l&
rsquo;Univers infini »
[3] ? D
ans quelle mesure reflètent-elles la prise en compte de ces voix multiples
? Impliquent-elles un échange, un dialogue entre ces voix ? Les condamnent-
elles au contraire à un affrontement qui serait le propre d’une époqu
e moderne s’opposant à une harmonie passée ? Autant de questions qui
donneront lieu à des pistes contribuant à dessiner une certaine définition
de la modernité.
En ouvrant le champ géographique
à toutes les aires à envisager, il sera possible de penser aussi bien aux
voix de Rosaura et Segismundo dans La Vida es Sueño qu’à celle des va
lets dans de nombreuses autres œuvres dramatiques. On pourra égalemen
t considérer les discours doubles des personnages du Jeu de l’Amour e
t du Hasard, le dialogue des voix du narrateur, du traducteur, de Cide Hame
te Benengeli et de Miguel de Cervantes dans Don Quichotte… pour ne d
onner que quelques pistes dans la littérature européenne. Dans le domaine d
es langues, le plurilinguisme sera par exemple à considérer dans la perspec
tive de la revendication de la modernité par ceux qui recommandent le recou
rs au bilinguisme ou, au contraire, son abandon. S’intéresser par ail
leurs, en musicologie, aux chansons à plusieurs textes, aux chansons tradui
tes, aux chants sacrés en latins devenus profanes en langues vulgaires (et
vice-versa)... seront des pistes possibles. La polyphonie sera aussi à défi
nir comme pierre angulaire de la naissance des premiers romans modernes, an
térieure à l’étape plus contemporaine de la polyphonie bakhtinienne,
et à interroger en poésie, par exemple dans le cadre d’une certaine p
érennité moderne du sonnet.
Les propositions de c
ommunication, de 1000 caractères maximum soit 10 à 12 lignes, et accompagné
es d’une brève bio-bibliographie, devront être adressées à Rafaèle Au
doubert (
/et/ ) ava
nt le 20 janvier 2020. Les réponses aux propositions seront apportées après
examen de celles-ci pour le 24 février 2020.
La
journée d’étude sera organisée à l’Université de Saint-Etienne
le mardi 9 juin 2020.
[1] BAKHTINE, Mikhaïl, La poétique de Dostoïevski, Paris, Seuil, 199
8 [1929]
[3] KOYRE, Alexandre, Du monde clos à l’Univers in
fini, Paris, Gallimard, 1988 [1962]
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